Tendances


La main sur le cœur

Un voyage se réfléchit, se construit, se prépare avec minutie, pour être sûr de ne surtout pas passer à côté de ce qu’il faut voir. C’est ainsi que le touriste envisage l’idée même d’un ailleurs. Le touriste, plus que tout, ne veut pas avoir l’air d’en être un, il veut donner un goût authentique à son voyage, se fondre dans un anonymat, mais qui ne trompe que lui. Le touriste rêve de routes que lui seul connaîtrait et est le premier à courir là où il faut être pour donner un vrai sens à son voyage. Je les observe les touristes, j’en suis une aussi, à vivre au rythme du même paradoxe, partagé entre une vision au travers de l’objectif d’un téléphone ou par une contemplation qui restera gravée uniquement dans la mémoire.
Ce voyage au Monténégro, de là où j’écris ces lignes était pour ainsi dire peu préparé, une idée spontanée en mode délivrance. Une occasion pour moi de découvrir une destination, vierge de tout à priori, mais bénéficiant d’un réel succès d’estime. J’avais à cœur de partir sur des sentiers que je ne connaissais pas, mais aussi de découvrir le dernier hôtel du Groupe One&Only, qui signe là sa première implantation en Europe.

Monténégro - © One&Only Portonovi

Cette annonce ainsi faite, je vous concède que l’aventure n’était pas très risquée, partir dans un palace brillant de 5 étoiles, dévoiler les plaisirs nombreux d’une telle adresse ne relève pas forcément du défi ! J’avais donc un double objectif découvrir un hôtel et un pays à la devise énigmatique « beauté sauvage ».
Je vous confirme que le survol de la myriade d’îles de la mer adriatique en dit déjà long sur la beauté du spectacle. La nature vue d’en haut semble encore vierge. Seules quelques habitations isolées s’offrent une vue à 360 degrés. C’est déjà un enchantement.

2H20 de vol auront suffi pour que le dépaysement soit total, pour oublier les terrasses bitume de Paris et s’engager sur des voies maritimes recélant mille trésors.

Monténégro

La toute première étape de cette aventure démarre au Monténégro à 1H15 de l’aéroport de Dubrovnik, passez les deux check-points frontières et dès maintenant, laissez-vous éblouir sans mot dire par la beauté de la route côtière. L’arrivée au One & Only Portonovi confirme que le cœur du sujet est bien la nature. La vue est imprenable face à ce décor de fjords éclatants de soleil et de cyprès millénaires. Rien pour entraver votre champ de vision. Voici le tout premier cadeau qu’offre l’hôtel, respecter un lieu, une histoire. Parlez d’histoire, est finalement assez incongru, car Portonovi est une pure création de l’homme en quête de nouveaux territoires et de luxe. Peut-être lassés par les côtes italiennes, les yachts ont choisi de mouiller dans ses eaux si accueillantes, au droit d’anneaux moins coûteux et offrant des marinas derniers cris. Le condominium de Portonovi s’inscrit dans cette lignée ultra luxueuse, sans pour autant renier l’architecture locale, faisant la part belle à la pierre taillée et au marbre. C’est beau, c’est chic, c’est ultra safe, chaque appartement et villas donnent envie d’éternité, mais je l’avoue ne procure pas une grande émotion !

Au cœur de ce village « moderne », l’hôtel qui a ouvert ses portes en juin, va indéniablement attirer les « grands de ce monde »

Dubrovnik

L’espace Chénot, temple du bien-être à l’heure suisse, remettra d’aplomb tous les embonpoints, les dévitalisés que comptent la planète post Covid. La table exquise vous fera de l’œil pour ignorer le programme détox que vous étiez venu pourtant faire, mais rapidement déculpabilisé par la multitude de piscines et la plage que vous trouverez en ces lieux. Le service au One&Only se résume par un geste si doux, la main sur le cœur. C’est ainsi que l’on vous salue à l’hôtel, c’est ainsi que l’on vous rappelle le sens de l’hospitalité dans ce petit territoire, c’est ainsi que l’on retrouve le goût de l’échange et de l’humain.

Le domaine est un écrin de pelouse fraîchement tondue, la mer est partout, autour de vous, berçant chaque pas d’un clapotis revigorant. Votre chambre vous offre à la fois un dedans et un dehors. La terrasse vous invite à vous lover dans un double bed de jour comme de nuit, une cheminée de haute performance technologique s’inscrit à l’orée de votre chambre et de votre terrasse, elle s’illumine d’un simple bouton et éclaire votre alanguissement, mais aussi votre chambre et votre salle de bain. Toute la façade fait la part belle au verre afin de ne jamais limiter le spectacle vivant de la nature. Quand vous êtes dans votre salle de bain, l’architecte qui doit être à n’en pas douter un épicurien, a même imaginé que votre baignoire se transforme en canapé pour ainsi prolonger la contemplation après les ablutions. Une salle de bain conçue comme un boudoir. Difficile de ne pas vous faire belle pour attaquer la soirée et pour réfléchir au choix du restaurant qui vous fait déjà saliver. Là, le choix est vaste (sans compter la dizaine de restaurants au bord de la marina). J’ai une préférence quant à moi pour le restaurant étoilé de Giorgio Locatelli, le must have de la cuisine italienne, qui sait revisiter les grands classiques de la cuisine italienne sans tomber dans les excès des casseroles de la Mamma, à moins que vous ne choisissiez une soirée moins « love love », mais plus trendy au Tapasaké, véritable beach club animé au son d’un DJ. C’est face à ce choix cornélien que vous devrez trancher entre la robe mousseline ou la mini-jupe à paillettes (je sais Mesdames que vous comprendrez !).

J’oubliais, cette version de séjour peut prendre une tournure encore plus XXL en préférant séjourner dans l’une des 10 villas (3 ou 4 chambres), pieds dans l’eau qu’offre l’hôtel.
Et oui au One&Only Portonovi nous sommes toujours confrontés à des choix existentiels, que je vous recommande d’assouvir sans modération.

Depuis votre Palace, ne ratez pas l’occasion de partir à la découverte des trésors patrimoniaux de la Boca Bay.

Perast et Boca Bay

Si vous le pouvez, louez un bateau avec Skipper (240€ les 4h + 85€ l’heure supplémentaire jusqu’à 6 passagers), c’est à mon sens le clou du spectacle. Herceg Novi, Kotor, Perast, Tivat, Lady of the rocks, The blue Cave…toutes ces escales sont des enchantements grandeur nature, classés pour la plupart, patrimoine mondial de l’Unesco. Déambulez dans des ruelles chargées d’histoire, de légendes qui rappellent la force créatrice de l’humanité. J’avoue que ce voyage, je vous le recommande particulièrement en avant ou après saison (juin, septembre, octobre) avant que l’heure des méfaits du sur-tourisme ne fasse ces ravages. Il faut prendre le temps, impossible d’envisager de telles découvertes au pas de course, derrière un guide au parapluie de couleur pour identifier votre groupe. S’il vous plaît déambulez lentement, d’églises en palais, de murailles, en bord de mer, de cafés en glaciers…Ne passez pas à côté du privilège du temps.
Faites une escale gourmande en bord de mer. Laissez les pêcheurs/cuisiniers vous parler de la spécialité de leur maison. Dégustez avec les doigts des fruits de mer nappés d’une sauce onctueuse au vrai goût de tomate et d’herbes fraiches. Parlez avec les chefs qui exultent de bonheur à vous évoquer leur pays… Là aussi, j’ai quelques adresses à vous recommander, mais que je ne partagerai qu’avec les plus gourmands.

Enfin, prévoyez absolument un temps à votre retour pour séjourner un ou deux jours à Dubrovnik, cette cité pittoresque dispose de tous les ingrédients du bonheur. La ville historique tutoie la mer partout où vous vous trouvez, les ruelles sont pleines de surprises, de détours qui mènent vers des jardins secrets ou des palais discrets. Douloureux d’imaginer que ce fut la scène de multiples bombardements, incendies, que les murs offrent encore le sinistre spectacle des impacts de balles…Et heureusement l’ignominie n’aura pas détruit, ni même altéré, la beauté du lieu.
Pour que la poésie soit complète, posez votre tête dans les moelleux oreillers de la Villa Dubrovnik, ce boutique hôtel 5* accroché à flanc de colline vous laissera rêver que vous êtes à la proue d’un bateau.
Ces deux voyages en un, sont des cadeaux, pour un tourisme de 7 à 77 ans, qu’il faut découvrir au plus vite et qui vous donnent envie bien longtemps après le retour de garder la main sur le cœur !

Nathalie Bueno
Septembre 2021