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Des mains poétiques

C'est d'abord le réalisme et la poésie des mains en plâtre de Douglas Gordon (moulées sur ses propres mains), tenant de minuscules et fragiles sculptures de Giacometti, qui émeut. De prime abord, le spectateur découvre des mains, au réalisme saisissant. Puis il s'en dégage une réelle force émotionnelle où l'on est saisi de la tension née des mains puissantes et grandeur nature qui semblent protéger et enrober ces fragiles et si petits visages sculptés de Giacometti, comme elles peuvent aussi donner le sentiment de les enfermer. Par leurs positions, les mains peuvent évoquer autant la protection, la tendresse, la prière, que l'enfermement ou la mise en garde...

Gordon s'approprie Giacometti

Dans son travail présenté à la Fondation Giacometti, Douglas Gordon a voulu transgresser l'idée que les pièces de musées sont interdites au toucher. Il a voulu lui, les toucher. Les mains de Gordon s'approprient l'oeuvre de Giacometti. « J'ai appréhendé les œuvres de Giacometti en les présentant comme si les sculptures sortaient à peine de l'atelier et pouvaient encore être prises à pleines mains sans aucune barrière » souligne l'artiste, en résidence dans cette belle demeure du 14è arrondissement parisien.

Contrastes et matières

Gordon alterne les matériaux, privilégiant le plâtre qu'affectionnait tant le sculpteur italien, mais travaillant aussi des moulages en cire, en cuir, en marbre de Carrare... On sera d'ailleurs étonné de la vision de son bras de cire noire tenant dans sa paume une sculpture frêle et blanche.
Dans la dernière salle, l'artiste multidisciplinaire qui pratique la vidéo, le film, l'installation, la sculpture, la photographie et le texte, a installé plusieurs sculptures d'oreillers en cuivre devant une vidéo représentant des plumes d'oreiller légères et virevoltant : créant là encore l'opposition et le contraste.