Leadership en Aubrac : Rencontre avec Christophe Brunel, un entrepreneur engagé
Visage franc et silhouette sportive, l’homme se raconte. Au cœur du Gévaudan, ancré sur les terres des hauts plateaux entre Aubrac et Margeride en Lozère, l’esprit Brunel redynamise les entreprises.
Christophe Brunel : un chef d’entreprise passionné de sports d’adrénaline, de décoration et d’œnologie. - © Aubrac
Cap sur les eaux vives et séquoias centenaires ! Entre tours féodales et lacs sombres, ici l’énergie est présente, fluide, constructrice. Loin du buzz citadin, la demande immobilière explose. En Occitanie, l’Aubrac séduit les acheteurs qui depuis 2020 n’hésitent pas à souhaiter se mettre au vert le temps d’un week-end mais aussi en se projetant sur l’achat plus pérenne d’une résidence secondaire. Un engouement que connait l’Aveyron et en particulier le plateau de l’Aubrac. Le pays de l’Aligot, des bisons, de la bête du Gévaudan.
Légende : Le haut plateau de l’Aubrac en Lozère - © Aubrac
Un pays que Christophe Brunel connait bien, il est né dans ses terres. Descendant de quatre générations de restaurateurs, sa carrière est tracée. Á peaufiner par de multiples expériences entre Royaume-Uni, Espagne, Guadeloupe, Ile de Saint-Martin, Canada, États-Unis… Dernière étape ? Los Angeles où il s’associe à un boulanger français de Santa Monica, une réussite. De retour au pays, le temps de la succession est venu : en 2004, il reprend dans son fief d’Albaret-Sainte-Marie, « Le Rocher Blanc », le restaurant familial. La success story est en marche !
Un chef d’entreprise visionnaire et responsable
Très vite, l’homme d’affaires a des envies de transformation et d’acquisitions. Il ouvre le spa « La Grange Blanche » en face du restaurant, multiplie par 5 en deux ans le chiffre d’affaires, rachète un hôtel 2 étoiles proche de l’usine Arcelor Mittal de Saint-Chély-d’Apcher, reprend l’activité du « Château d’Orfeuillette », hôtel-restaurant tombé en désuétude et acquiert « Le Domaine de Laval », un ancien monastère qui devient un lieu d’exception avec 5 chambres, un spa et des espaces de réception avant de s’enflammer pour « La Place du Marché » : un concept de halle décorée dans un esprit nature pour valoriser les produits de la région. En 2018, en rachetant en son nom propre tous les établissements, il peut communiquer sous une unique marque : « Maisons Brunel ».Mais qu’est-ce qui fait courir vers la réussite Christophe Brunel ? L’énergie puisée dans la beauté de sa région natale mais aussi une ambition propre à cette nouvelle génération de chefs d’entreprise visionnaires, engagés et responsables d’un patrimoine local autour du bio et du développement durable. Pour l’enfant du pays, l’histoire régionale fait partie d’un patrimoine à transmettre. Ici et là, vous verrez ainsi d’énormes sculptures en résine, la fameuse Bête de Gévaudan qui a sévi dans les forêts de Margeride au XVIIIe et qu’il aime placer dans ses établissements. Et au-delà des photos de Bruno Calendini (un lozérois voyageur passionné d’Afrique) exposées au Château, le visiteur peut acheter tout ce qui lui plaît. Spécificité des Maisons Brunel ? Tout est à vendre ! « Innover est mon mode de fonctionnement qui n’a de sens que si cela permet d’adopter des solutions durables et avant-gardistes. Si je souhaite que nos clients achètent couettes et oreillers en passant par le mobilier, c’est pour qu’ils vivent une expérience unique dans les Maisons Brunel. N’est-ce pas le meilleur moyen à travers ce home staging intelligent de pratiquer une hôtellerie différente ? »
Fleuron des Maisons Brunel : le Château d’Orfeuillette
Le Château d’Orfeuillette : un hôtel de luxe 4 étoiles au cœur de la Lozère s’impose majestueusement dans un parc de 12 ha plantés de séquoias centenaires. - © Aubrac
Insolite, mystérieux, historique ! Entre glamour et romantisme. Un vrai château de conte de féés attend le visiteur. Á une heure de route de Clermont-Ferrand, au cœur du Massif central, comment ne pas être séduit par cette destination nature dédié au bien-être et à de belles randonnées ? De ce simple relais de chasse de la fin du XVe siècle, un certain Théophile Roussel le transforme dans les années 1850 en un château néo-renaissance avec deux tourelles et des dépendances. Les initiales de ce médecin qui fut député puis sénateur ornent toujours les vitraux du château.
Et le Domaine d’Orfeuillette de se parer des souvenirs de voyages de l’illustre propriétaire : graines de sequoia rapportées des Etats-Unis vont arborer le parc tandis que la main de l’artiste trace des allées, détourne le cours d’un ruisseau afin d’alimenter une pièce d’eau. Viendront s’ajouter un jardin paysager et des animaux en liberté. Le bonus ? Une vue imprenable sur les monts alentours. En devenant propriétaire gérant en 2011 non seulement Christophe Brunel redonne tout son panache au château de La Belle au Bois dormant mais le détermine à un bel avenir. « Nous avons l’ambition à moyen terme de racheter les murs à la région Occitanie pour créer un spa dans la salle de séminaire actuelle et 8 chambres insolites dans les bâtiments existants (la tour du lac, le pigeonnier, la maison du gardien, un loft panoramique, une cabane de luxe dans les arbres… ».
Le lobby contemporain de ce château historique propose un hébergement luxueux et des intérieurs inspirés par l'art moderne - © Aubrac
Entre parenthèse baroque et mobilier Jean-Michel Wilmotte
Style classique et masculin pour la Junior Suite Théophile Roussel - © Aubrac
A chacun sa chambre ! Selon votre personnalité et vos envies vous opterez pour l’une des 11 chambres conçues comme une parenthèse enchantée. Du blanc et des murs tapissés de gris argent pour l’une rivalisent avec un décor moderne entre couleur noire et jeu de miroirs pour l’autre. Parmi les quatre chambres luxe, dilemme entre la « Roussel » et la « Eiffel ». Dans un esprit design d’élégance, elles rendent hommage à deux figures historiques. La première au maître des lieux, Théophile Roussel, et la seconde à son ami l’architecte célèbre, Gustave Eiffel, à qui l’on doit la construction du Viaduc de Garabit. Clin d’œil hollywoodien, la chambre « Marylin Monroe » remporte un franc succès ! Si se lover dans un lit rond vous tente cette chambre au plafond miroir sera assurément une invitation pour une nuit mutine, voire câline. Et pour être au plus proche de la nature, 7 autres chambres sont aménagées dans les dépendances.
Bien-être au Château : spa et gastronomie
Le Spa de La Grange à Bulles : un espace bien-être de 200 m2 situé à 5 minutes du château. - © Aubrac
Reste au sortir du lit ou en retour de randonnée à découvrir l’expérience immersive dans « La Grange à Bulles ». Toujours dans une décoration furieusement baroque et dépaysante, on y trouve une piscine intérieure chauffée et équipée d’un système de nage à contre-courant, un sauna, un jacuzzi extérieur, une salle de remise en forme et des cabines de massage en solo ou en duo avec des soins sur-mesure : modelages du corps, réflexologie plantaire, massage délassant. Le Château d’Orfeuillette est aussi un lieu où l’on vient se ressourcer avec des sophrologues qui travaillent sur les énergies positives : « mieux se connaître pour vivre mieux ».
Toujours côté bien-être, vos papilles ne seront pas en reste. A tout juste 24 ans, le jeune chef, Habib Aifa, décline un dîner gastronomique de haute voltige ! Avec 8, 7, 6 ou 5 plats au choix, accompagnés de vins raffinés, le « Menu dégustation » ravit les palais les plus exigeants… Tout se passe au restaurant « Le Théophile » : le tartare de bœuf d’Aubrac, girolles, jaune d’œuf confit, noisettes et crème d’ail nous régale autant que le rouget au piment d’Espelette, soupe de moules, sans faire l’impasse sur l’agneau de Lozère parfumé aux herbes. Côté douceurs, on craque pour la figue confite chocolat blanc au romarin ou la poire, réglisse, crème aux trois citrons, whisky et caramel.
Chef Habib Aifa - © Aubrac
Ce chef a vraiment du talent et le sens de l’originalité. Son beurre citron/olives noires/basilic et son pain maison aux noix, encre de seiche, céréales multi graines (courge, baies de goji, noisettes) fabriqué à partir de farine bio local le confirment. Trente couverts accueillent une mixité de saveurs qui enchante le palais et sublime le terroir. L’enjeu alimentaire est une priorité des Maisons Brunel. Objectif ? Réussir le passage au 100% bio ou local. Parce que l’adresse est courue par la clientèle autant de l’hôtel qu’avoisinante, la réservation est de mise dans ce restaurant gastronomique à la décoration joliment contemporaine. On appréciera les tables de bois brut, les chaises italiennes Sassa, la vaisselle portugaise et les cadres de photos au mur qui font rêver et voyager.
Le restaurant gastronomique « Le Théophile » - © Aubrac
Monique Delanoue-Paynot
Juin 2024