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Une aventure née de passion et d’ancrage breton

Comment en êtes-vous venue à créer un groupe hôtelier ?
Je travaillais avec mon père dans les services, mais j’ai toujours été attirée, comme mon mari, par l’hôtellerie. Passionnée de décoration et de restauration, grande épicurienne, j’ai voulu créer des lieux à notre image.
L’aventure a commencé en 2018 avec le Royal Émeraude, puis en 2019 avec les Étangs de Corot, pour leur histoire, même s’ils sont loin de chez nous. Aujourd’hui, nous ouvrons notre dixième établissement en Bretagne.

La Bretagne, un choix stratégique ?
Oui, c’est un choix raisonné et affectif. Tous nos hôtels se situent à moins de trois heures de notre siège, ce qui facilite la gestion quotidienne et renforce la proximité avec nos équipes. En moyenne, nos établissements comptent une cinquantaine de chambres, de 14 à 80 selon les lieux.

Depuis 2018, vous avez racheté dix hôtels. Était-ce une stratégie ou une suite d’opportunités ?
Nous avons acheté au fil des années, sans plan préétabli, selon nos coups de cœur. Nous souhaitons être un acteur majeur de l’hôtellerie, mais uniquement à travers des lieux qui racontent une histoire.

Des adresses singulières et un luxe sans ostentation

Quelles sont les caractéristiques de vos hôtels ?
Nous reprenons des établissements qui ont déjà une histoire, un cachet et une âme. Ils doivent être bien situés et dotés d’une personnalité propre, souvent en bord de mer.
Par exemple, Le Celtique à Carnac adopte un style Art déco, en écho à son passé et à son environnement.

Quel est le coût moyen d’une chambre ?
Selon la période et la demande, les tarifs oscillent entre 100 € et 700 €, notamment à la Villa Belem.

Vous évoquez un “luxe désinvolte”, loin des standards ampoulés. Comment se traduit-il concrètement ?
C’est un luxe authentique, non ostentatoire. Nous racontons l’esprit d’une époque, dans un cadre élégant, parsemé d’objets chinés qui confèrent une atmosphère unique.


Les établissements BLH ont chacun leur identité tout en partageant un fil rouge. Comment trouvez-vous l’équilibre entre singularité et cohérence de marque ?
Nous sommes une marque un peu différente : nos clients recherchent une expérience singulière.
L’unicité ne réside pas dans la standardisation, mais dans la personnalisation. Chaque hôtel a son histoire, et nous veillons à ce que le profil de nos équipes incarne l’ADN du lieu.

Le cœur du groupe : l’humain, la formation et la fierté du service

Chez BLH, l’équipe n’est pas un simple maillon mais le pilier de l’expérience client. Comment avez-vous bâti cette culture RH alliant exigence et humanité ?
Nous l’avons construite autour de valeurs fortes : l’écoute, l’empathie, la bienveillance. C’est pour cela que nos équipes restent fidèles. Nous cultivons le sens du détail et la qualité de l’accueil.

Former des managers du “terrain” au leadership de proximité est un choix fort. Quels changements avez-vous observés ?
Grâce à ces formations, nos collaborateurs gagnent en compétence et en confiance. Notre DRH, Claire Floch, conçoit des modules sur mesure, adaptés aux besoins réels des clients et aux enjeux quotidiens du métier.

Votre politique RH semble presque militante. Est-ce une réponse à un secteur longtemps marqué par des pratiques
dépassées ?
Nous cherchons à améliorer les conditions de travail et à réduire la pénibilité. Nous mettons en place des solutions concrètes pour soulager les équipes dans chaque service.

Le retour du sens dans les métiers du service vous tient à cœur. Quelles qualités humaines vous touchent chez vos collaborateurs ?
Leur souci du détail et leur sens du client.
Par exemple, au Sozo, certains membres du personnel notent de quel côté dort le client pour placer le bloc-notes du bon côté. Ces attentions font toute la différence.

Expériences, bien-être et vision d’avenir

Vous parlez d’expérience client. Pouvez-vous en donner quelques exemples ?
Aux Étangs de Corot, le jacuzzi face à l’étang et à la verdure offre une expérience sincère et apaisante.
Au Château de Loguensolé, nous avons restauré le bateau “Popoff” avec M. Escoffier, décoré d’objets marins chinés.
Au Château Foucacs Dupré, d’anciennes cuves ont été transformées en musée retraçant la production du vin à l’époque.
Et nous proposons nos propres vins du Médoc, avec plus de 60 000 bouteilles par an.

Le spa fait-il partie intégrante de vos établissements ?
Oui, avec trois marques partenaires : Phytomer, Sothys et Cos. Le bien-être et la déconnexion sont essentiels à l’expérience client.

L’ouverture du Grand Hôtel de Courtoisville s’annonce comme un moment fort. Quelle en est votre vision ?
Cet hôtel, ouvert en 1906, fêtera bientôt ses 120 ans. Authentique et emblématique de Saint-Malo, il possède un jardin verdoyant. Il incarne parfaitement l’esprit BLH : un luxe simple, empreint d’histoire et de transmission.

Vous avez créé un groupe à taille humaine dans un monde dominé par les géants. Quelle sera la clé du succès dans les dix prochaines années ?
Le marché évolue vite. Il faut se réinventer, développer des marqueurs forts et enrichir sans cesse l’expérience client. Le service, la restauration et la technologie doivent avancer ensemble, dans une remise en question permanente.

Votre définition du luxe ?

Vivre pleinement ce que l’on aime, anticiper les besoins et personnaliser chaque attention.

Et celui dont vous ne sauriez vous passer ?

Voir mes enfants le soir, après une journée de travail.