Mode & Beauté


Alexis Mabille : Ça roule pour lui !

Ce jeune couturier français donne au nœud papillon, relativement ringard, une nouvelle jeunesse. Mais pour qui roule Mabille ?


Alexis Mabille
est le genre de personne sur lequel tout glisse avec une facilité déconcertante. Il arrive en retard à notre rendez-vous, mais, "pas de problème, il arrive !" Et quand il débarque, impossible d'en vouloir à ce jeune homme de 29 ans, aux cheveux mi-longs et au look très fashion - pull à losanges, Converse dorées achetées à New-York et petite veste cintrée. Depuis son plus jeune age, Alexis rend à la vie le sourire qu'elle lui tend (aurait-il beaucoup souffert dans une vie antérieure ?!). Originaire de la bourgeoisie lyonnaise, il est le numéro trois d'une famille de quatre, dans laquelle papa est imprimeur et maman, mère au foyer. Alexis a toujours bénéficié de leur soutien : "Des parents cool qui m'ont permis de développer mon individualité. Du coup, je n'ai pas eu de crise d'adolescence".


Ado, Alexis passe un Bac économique, fait des robes de mariée, écrit des lettres à Karl Lagerfeld et Christian Lacroix avec lequel il entretient une correspondance : "Je me souviens encore quand je voyais arriver les enveloppes dorées de Lacroix, j'étais fou !". Il conçoit des costumes pour l'Opéra de Lyon avant de venir étudier, en 1997, deux ans, à la Chambre Syndicale de la Haute Couture parisienne. Il entre en stage chez Christian Dior puis est engagé par John Galliano (rien que ça) pour réaliser les accessoires, les bijoux fantaisie, la lingerie et les collants. Là encore, le sort s'acharne pour lui ! John Galliano fait ses débuts dans la maison, et demande à Alexis de développer les accessoires, secteur dans lequel, à raison, il croit. "John fait confiance à ses assistants, c'est un bonheur de travailler avec lui, dans cette ostentation et cette débauche de moyens" raconte Alexis. S'ensuit une collaboration sur le pôle bijoux avec le nouveau venu Heidi Slimane, qui possède alors un studio microscopique. Le romantique Alexis souffre de l'esthétisme "cheveux gras",  c'est sans doute pourquoi il décide de quitter une place en or pour monter "Treizeor", une collection originale de nœuds papillons, dont le nom est un clin d'œil aux femmes qui appellent leur chien "mon trésor".


"Au début, je faisais des nœuds papillon pour mes copains qui se mariaient, confie Alexis. J'ai toujours aimé les dentelles et les fleurs anciennes sur des bases de garde-robe très masculines. Je n'ai pas d'inspiration spéciale, j'aligne tout sur le papier, je réagis aux matières. Ça a un côté naïf, glamour et paillettes. Je n'aime pas me fixer sur quelque chose, je veux tout voir et garder ce que j'aime". Le 3 octobre 2005, il monte avec sa maman Mireille et son frère Martin, responsable financier, une entreprise familiale de prêt-à-porter créateur, nommée Impasse 13 . "Je suis un fétichiste du nombre 13, explique-t-il. C'est comme les chats noirs : tout le monde dit que ça porte malheur, pas moi... En plus, c'est un mot unisexe, comme ma collection".

Pour le printemps été 06, il a donc inauguré des vêtements qui sont conçus pour aller aux filles comme aux garçons. Ses matières préférées sont la soie brodée, le velours de lurex ou la grosse toile de coton. Aujourd'hui, fait rare chez un créateur français, ses articles sont vendus en France (Colette, Galeries Lafayette, Musée de la Mode, Aux Belles Images) et au Japon. Ses tarifs vont de 150 à 600 € pour un noeud pap, 250 € pour un jean à 3500 € pour un pantalon brodé de cristaux, 500 € pour les chemises et moins de 300 € pour les gilets. Pour 2007, il prépare une ligne de cravates toutes aussi extravagantes. Les notaires n'ont qu'à bien se tenir !



                                                                                                                  

                                                                                                                   Cet article est paru
                                                                                                                     dans Dandyn°11
Juillet 2006
Par Florence Julienne de Sourdis