Mode & Beauté


Berluti : Spécialité, créateur de tendances

Chaque année à pareille époque, Berluti livre habituellement à la cohorte de ses inconditionnels une nouvelle ligne, et un ou deux nouveaux modèles venant enrichir l'une de celles que l'on connaît. 2006 constituera donc un millésime un peu particulier, en ce sens


qu'il voit naître d'une part une collection destinée à couronner les modèles-culte, et de l'autre la première ligne de Berluti classiques sur semelle gomme. Dégustation d'une année grand cru.


Versions ultimes


Le plus emblématique de tous les modèles Berluti a plus d'un siècle. Imaginé par le père fondateur de la maison, le mocassin Alessandro a couvert quatre générations avant de nous arriver tel qu'on le connaît aujourd'hui sous l'appellation d'OlgaOne. Retouché par Torello, puis Talbinio et enfin Olga, cet escarpin one cut à la ligne et au bout légendaires inaugure (avec l'Andy) la collection des Démesures, destinée à rendre hommage à ceux qui ont inspiré, et surtout à tous les clients qui ont porté, au fil des ans, les modèles phares de la maison. Il s'agit donc, définitivement, de la version ultime de modèles historiques.


Qui imaginerait en observant cette ligne d'une pureté et d'une force extraordinaires, qu'elle a plus d'un siècle ? Et que dire du mocassin à plateau Andy, dessiné en 1962 par l'inventeur du Pop Art ?


Olga Berluti a voulu magnifier les deux modèles, leur offrir un hommage pour l'image qu'ils ont apporté à la maison et la fierté qu'ils suscitent chez leurs propriétaires. Elle a donc légèrement revu leurs formes à monter, les prolongeant légèrement pour les rendre - encore - plus élancées et plus fuselées. Les plus infimes détails ont également été peaufinés, les modèles dotés de doublures colorées et fournis avec des embauchoirs bois de la même teinte, les semelles patinées et pourvues de la signature Berluti cloutée...


Deux versions uniques pour des modèles uniques, qui trouvent là leur ultime développement et leur apothéose.


 


Les Tatoués adoptent la semelle gomme


Lorsque Olga Berluti lance le principe des perforations sans couture, en 1997, elle révolutionne l'univers bottier. La ligne des Tatoués permet alors un graphisme inédit et raffiné, tout en préservant le confort. Elle complète aujourd'hui cette ligne avec trois nouveaux modèles, pour lesquels elle a laissé libre cours aux différentes histoires que lui inspire l'ornementation japonaise. Bulles de champagne, feu d'artifice : chacun peut projeter son propre imaginaire sur ces ornementations qui donnent un élan particulier aux souliers.


Mais aussi et surtout, poussant sa création plus avant, Olga a imaginé une nouvelle semelle pour ces modèles (qui deviennent historiquement les premiers Berluti indifféremment disponibles sur semelle gomme ou cuir), en gomme, aussi légère et discrète que possible afin de conserver l'allure et l'élégance de la ligne, répondant ainsi à la demande actuelle d'une partie de la clientèle pour ces semelles légères et souples, qui offrent un confort de marche incomparable. Evidemment, ici la semelle gomme n'est pas l'élément rustique que l'on observe par ailleurs : élégante, elle est dotée de lisses rondes cirées (une autre première ! ) et est cousue, et donc ressemellable, « parce qu'un soulier Berluti doit durer toute une vie, et qu'il est donc obligatoirement ressemellable », précise-t-on ici.


Les fidèles reconnaîtront le graphisme « sculpture de pneu » de la ligne Berluti Sport, mais trouveront ici des semelles gomme aussi discrètes que celles en cuir, à la différence de l'Ultima qui affiche une personnalité plus décalée. Dernière précision : gomme ou cuir, les tarifs restent identiques.


 


Plus qu'une créativité aujourd'hui mondialement reconnue, c'est d'abord son actualité et sa modernité qu'avec ces deux lignes Berluti met en avant. De l'actualisation de modèles intemporels au lancement de versions destinées à la partie la plus jeune de la clientèle ; c'est une certaine façon de boucler la boucle entre les générations, celles de la famille et celles des clients, qu'Olga Berluti vient d'imaginer. Sacrée performance.


 









 


                                                                                                      
                                                                                         Cet article est paru dans DANDY n°12 

Novembre 2006