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Comment Pleyel veut réhabiliter le répertoire symphonique

Gérer le patrimoine du répertoire symphonique et créer des passerelles avec d'autres genres musicaux, comme le baroque, la musique de chambre et même le jazz ; voilà l'un des aspects de la mission que se sont donné le ministère de la culture et le propriétaire de la Salle Pleyel.

Pour y parvenir, les pouvoirs publics se sont engagés en associant la ville de Paris à la gestion de la salle, afin de garantir les meilleures conditions de travail aux orchestres, et de confort au public. Au terme de longs travaux de réhabilitation, la réouverture de Pleyel apparaît donc comme un événement majeur pour tous les amateurs.
Initié en 2004, ce programme de rénovation concernait à la fois l'architecture et l'acoustique. De fait, la restauration des façades, du hall et de sa rotonde, du foyer et de l'intérieur de la salle, améliorent grandement le confort, et lui offrent une architecture renouvelée dans le respect des préconisations des Monuments Historiques. Recouvrant son élégance Art déco originelle, la Salle se fait moderne sans rien perdre de son lustre passé. Le hall, par exemple, récupère son puits de lumière et sa majesté, sa rotonde s'ouvre à nouveau sur les anciennes salles d'exposition reconverties en studios de danse dans les années 60. La nouvelle distribution des sièges améliore quant à elle radicalement le confort et l'acoustique. En réduisant le nombre de places (1913 sièges désormais contre 3000 dans le passé), la salle offre à chacun plus d'espace. La visibilité est renforcée par un regradinage des balcons, et des banquettes de cœur permettent aujourd'hui à 160 personnes d'assister aux concerts derrière la scène. Parallèlement, la création de balcons latéraux (4 x 19 places) permet d'homogénéiser la diffusion sonore, en agissant comme des abat-sons favorisant les réflexions précoces, d'où amélioration de la clarté et de la sensation d'enveloppement, tandis que la modification du plafond favorise de son côté l'augmentation du temps de réverbération. C'est ainsi une zone de jeu entièrement reconfigurée qui permettra dorénavant au public d'applaudir aux plus belles représentations du répertoire. L'Orchestre de Paris, résident principal, y donnera une cinquantaine de concerts dès la première saison, l'Orchestre Philharmonique de Radio France en produisant une vingtaine. La Salle Pleyel a également d'ores et déjà prévu d'inviter plusieurs phalanges étrangères de renom, comme le London Symphony Orchestra, le Berliner Philharmoniker et diverses formations françaises. En confrontant de la sorte les répertoires d'orchestre à d'autres modes d'expression, cette saison d'ouverture entend donc répondre à la diversité des attentes, et relier l'Ancien au Moderne. Une sorte de quadrature du cercle inaugurée pertinemment avec la Symphonie n°2 de Malher : "Résurrection".



Pascal Boyer

Janvier 2007
 


                                                                                                      
                                                                                         Cet article est paru dans DANDY n°14