Puyricard : La Provence, l'autre pays du chocolat ?
Puyricard : si cette charmante bourgade accolée à Aix en Provence évoque pour d'aucuns le thym et l'anisette, pour les gourmands, elle reste synonyme de chocolats, de truffes et de palets d'or. Bien plus qu'une histoire belge, une aventure croustillante et familiale.
Bruxelles - Léopoldville
Il en fallait de l'audace et du courage pour oser imposer les fèves de cacao au pays de la farigoulette. Et pour cause, on le regarde de travers ce chocolat si contraire aux moeurs gastronomiques locales. Mais Puyricard ne s'est pas fait en un jour, et il aura fallu une étape au Congo Belge et un détour par le marketing avant de "dealer" des ballotins sous le chant des cigales et de faire tomber les Provençaux sous la dépendance de la fève...
Pour Jean-Guy Roelandts, l'histoire commence donc en 1948. A 23 ans, le jeune homme décide d'échapper à l'autorité paternelle et s'embarque pour l'Afrique, traverse le Sahara, direction Léopoldville. Dans ce monde qui revendique son identité, il y a un espace pour la publicité. Partant, la réussite du Belge passera par l'art du panneau d'affichage. Mais, dès les années 60, alors que l'industrie prospère et que Marie-Anne entre dans sa vie, le vieux navire colonial commence à craquer de toutes parts. Il est grand temps pour les Roelandts de songer à un retour en Europe, ce que le couple peine à concevoir. Difficile de s'imaginer une vie de "petit blanc" dans une ville devenue inconnue et d'envisager une existence vide de tout soleil, dispensée des reflets de l'océan. Une seule solution : trouver une idée exportable et un climat plus accueillant que celui de la capitale belge.
Léopoldville - Aix en Provence
Le temps d'une escapade à Bruxelles, l'idée commence à faire son chemin : le chocolat, la grande spécialité belge pourrait bien être l'eldorado des Roelandts. Il suffirait d'acheter le matériel et les machines, d'apprendre, étape par étape, les règles de ce savoir-faire jalousé puis... de convaincre les Provençaux, leur soleil et leur Méditerranée, d'en acheter ! Si les deux premières phases s'avèrent rapidement pénibles mais réalisables, c'est sans doute le dernier palier qui sera le plus ardu à atteindre. A quoi peuvent en effet bien prétendre des pralines et des chocolats fins face à la suprématie de l'huile d'olive et du calisson ? Et pourtant, à force de talent, de qualité et de pédagogie Puyricard naît dans le hangar d'une ancienne usine de matériaux de constructions, à quelques kilomètres d'Aix en Provence. Avec 12 magasins quadrillant le secteur, un empire ne tarde pas à être édifié à échelle locale. Le chocolat belge a désormais conquis ses titres de noblesse ici et dans l'univers des connaisseurs. Une prouesse dont on aimerait connaître le secret...
Les clés du succès
A tous ceux qui pensent que les Provençaux ont reçu dans les années 60 un sortilège belge anéantissant leur culture culinaire pour les années et les siècles à venir, la connaissance de la politique Puyricard apporte un démenti de taille. Ici, rien ne doit entraver la qualité totale : produits frais, absence d'éléments chimiques et de conservateurs (d'où une conservation maximum de 3 semaines), beurre de cacao de grande qualité et ballotins réalisés à la demande, les Belges prônaient le naturel avant l'heure. Les clients, malgré leurs papilles éduquées au thym et à la farigoulette ne s'y sont donc pas trompés. Aujourd'hui, l'affaire est entre les mains des enfants Roelandts, preuve que le chocolat au soleil a encore un bel avenir devant lui.
Mai 2007