Culture


Louis Vuitton Une saga française

Il était une fois... C'est ainsi que commence ce conte de fée, car c'en est un, avec ses marâtres, ses héros, ses aventures et ses surprises. Le petit meunier du Jura qui partit à pied du moulin de son père en l'an de grâce 1821, imaginait-il que son nom serait un jour connu sur toute la terre, respecté par tous les princes de ce monde et qu'il représenterait peu après l'an 2000 un groupe de plus de 50 grandes maisons de luxe produisant un chiffre d'affaire de 13,5 milliards de dollars ?
Voilà la saga que raconte Stéphanie Bonvicini dans un ouvrage qui vient de paraître aux éditions Fayard qui donne une foule de détails étonnants sur un homme et une marque que l'on croit connaître.
Il fait un malheur en inventant la malle plate !

C'est en 1821, dans un hameau du Jura, qu'une jeune meunière donne naissance à Louis Vuitton. À quatorze ans, quelques francs en poche, l'adolescent décide de monter à Paris. Deux ans de voyage à pied, deux ans d'une existence à la rude. Le baluchon sur l'épaule, le jeune Louis se dirige à grands pas vers son destin hors du commun.
Trente ans plus tard, l'apprenti a fondé son affaire de malles et d'emballage de modes. Destitution de Louis-Philippe, guerre contre la Prusse, fuite de Napoléon III, Commune ou naissance de la République, aucun événement ne le distrait du but qu'il s'est fixé : réussir. Et c'est dans les gares, en observant les voyageurs, qu'il imagine les astuces à même de leur simplifier la vie. Il fait un malheur en inventant la malle plate !

L'avènement du tourisme moderne

L'époque est celle de l'épopée du rail, de l'essor de la marine à vapeur, de l'expansion coloniale; Thomas Cook organise les premiers voyages en groupes, Pullmann crée ses wagons de grand confort, Worth adapte sa mode vestimentaire au voyage d'agrément, et Boucicaut invente les nouvelles méthodes de vente; les Expositions universelles à la gloire du progrès se multiplient.
Louis Vuitton participe lui aussi à l'avènement du tourisme moderne et devient ainsi un puissant commerçant. En ses ateliers d'Asnières se produisent malles-lits, malles pique-nique, malles à chaussures, à ombrelles, à chapeaux et autres wardrobes qui soulèvent l'enthousiasme d'une clientèle aisée.

Louis Vuitton crée sa propre légende

Des salons de l'impératrice Eugénie, dont il fut l'emballeur particulier, aux prestigieux magasins de Londres, Nice, Paris ou Vichy. Louis Vuitton crée sa propre légende, un mythe que ses fils et petits-fils. Georges et Gaston, vont grandir à leur tour. Mais une légende ne fait pas qu'aligner riches heures et succès.
Contrefaçons, coûts d'exportation, crises économiques sont autant d'aléas qui fragilisent l'industrie du luxe. Et sous l'occupation allemande, la peur du déclin conduit à de nouveaux marchés...
Après-guerre, la légende Vuitton se reconstruit autour de trois mots: luxe, fonctionnalité, innovation. Une devise toujours active aujourd'hui, alors que la maison est passée en d'autres mains et a pris un nouvel essor.
Septembre 2004
Par Yves CALMEJANE
Le minutieux travail d'historienne de Stéphanie Bonvicini, élégamment nourri de références à la littérature de voyage, aux arts et aux moeurs de l'époque, retrace l'itinéraire d'une famille et d'une marque d'exception, qui fête aujourd'hui son cent cinquantième anniversaire.
Stéphanie Bonvicini est journaliste et s'est spécialisée dans le domaine du tourisme et des voyages.

Louis Vuitton Une saga française
Editions Fayard
363 pages 20 euros