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Ma Cuisine

Mettre encore et encore en valeur le produit, car la star, c'est lui.
A l'inverse d'un peintre qui peut selon ses humeurs laisser transpirer dans ses toiles sa tristesse, sa mélancolie, son mal, le cuisinier malgré ses angoisses, ses doutes doit les inhiber et apporter une gaieté dans ses plats. Le but n'est-il pas d'apporter du bonheur ?
Quand je cuisine, je vais vers l'Autre

La cuisine est mon langage, mon moyen de communication, d'expression quand je cuisine, je vais vers l'Autre.
Comme le peintre qui choisit sa toile, ses couleurs, le cuisinier plus modestement, transforme la matière qui a toujours une origine et derrière cette origine, un Homme.
C'est vers cet homme avant même le produit que je me dirige.
Nous devons avoir la même philosophie de travail. Il doit me conter l'histoire de son produit, son travail est souvent laborieux mais toujours réalisé avec passion et amour.
Cette matière première brute issue de l'élevage, de la culture... c'est la connaissance de ces Hommes en fonction des saisons, des lunes, le bon moment où il faut planter, semer, récolter, pécher... en sachant que la nature peut être capricieuse.
Combinaison entre la terre mère nourricière, les astres, notions divines, où tous les intervenants ont la même éthique. Ce qui m'impose le respect.

Je suis toujours à la recherche du meilleur

Je suis toujours à la recherche du meilleur où la nourriture au-delà de nourrir le corps, doit aussi nourrir l'esprit, l'imaginaire.
Faire rêver, voyager c'est aussi comprendre les différences de culture, de religion... de goûts.
C'est être à l'écoute avec chacun sa propre sensibilité, ses acquis, ses expériences, le doute en moi demeure toujours, m'envahit mais le moment de ce partage autour d'une table doit être à chaque fois un moment d'exception, un véritable éveil des sens.
"Less is more", mais avant d'atteindre cette fluidité et d'en être conscient il faut savoir se remettre en question, chaque ingrédient n'est pas un artifice mais est présent pour donner encore plus de valeur à la cuisine.
Septembre 2004
Par Guy MARTIN