Portraits


Le luxe selon Hubert de Givenchy

Hubert de Givenchy donne ici une courte description d'une époque selon lui révolue. Dans le cadre de cette rubrique, ce petit morceau de passé retrouve parfaitement sa place.
Alors, c'était le luxe à l'extrême...

" Lorsque j'ai choisi ma carrière c'était la plus belle époque, à mon sens, de la haute couture.
Elle existe toujours, bien sûr, mais alors c'était le luxe à l'extrême, la qualité, les réceptions, les femmes osaient porter des bijoux...
Parfois dans la même soirée vous aviez deux, voire trois, grands bals ou des cocktails à n'en plus finir ! C'était le "Luxe", avec un grand "L" et un raffinement qui n'existe plus maintenant... Ou c'est autre chose - mais il n'y a pas de comparaison."

Je parlais l'autre soir avec Hélène Rochas

" Je parlais l'autre soir avec Hélène Rochas qui a connu cela encore mieux que moi.
C'était une jeune femme d'une grande beauté, elle avait épousé Marcel Rochas et était de toutes les réceptions. Son mari donnait des réceptions fameuses pour lancer ses parfums : Charles Estéguy, Arthuro Lopez, tous ces gens faisaient de Paris la ville la plus luxueuse et la plus intéressante. On n'allait pas en Angleterre : on allait à la chasse en Angleterre, mais les vraies soirées, comme les donnaient les Rothschild, par exemple, et qu'ils ne donnent plus, avaient lieu à Paris."

" Mon Dieu ! Comme tout ça est loin..."

"Pensez que chaque semaine vous aviez trois ou quatre salons où l'on pouvait aller !
Il y avait un salon littéraire : Marie-Laure de Noailles donnait chaque même jour un cocktail. Avec Marie-Blanche de Polignac c'était la musique, et donc un autre jour... Avec Marie-Louise Bousquet on recevait la presse avec le Harper's Bazar et c'était le jeudi... C'était fascinant ! Il n'y avait pas un moment où l'on n'était pas pris !
Alors quand on reporte le regard sur aujourd'hui , on se dit "Mon Dieu ! comme tout ça est loin..."

"Il y a autre chose bien sûr ! Il y a Internet, des foules de choses à voir et à faire, et qui peuvent vous occuper, mais ça ne représente pas l'image du luxe telle qu'elle fut il y a deux ou trois dizaines d'années."
Juin 2004
Par Yves CALMEJANE