Culture


Cuisine et peinture au Louvre, une appétissante approche de l'art

"La Nef des Fous" de Jérôme Bosch, "Les Noces de Cana" de Véronèse ou "Le déjeuner" de François Boucher, peuvent être regardés avec gourmandise dans les allées du Louvre et faire penser dorénavant à une poulaille rôtie aux cerises, une friandise aux coings, ou à un chocolat viennois.
Quand un chef cuisinier rencontre une historienne de l'art
Cette appétissante approche de l'art est le fruit d'une rencontre entre un chef qui officie depuis 1989 au restaurant "Le Grand Louvre" Yves Pinard, devenu depuis un passionné de cuisine historique et de Séverine Quoniam, diplômée en histoire de l'art. Ensemble, ils signent "Cuisine et peinture au Louvre", un ouvrage qui rassemble autant de tableaux que de recettes, 45 exactement, du XVe siècle au milieu du XIXe, de Jérôme Bosch à Eugène Delacroix. "La gastronomie et l'appréciation des tableaux n'est pas incompatible", affirme d'ailleurs Jean-Pierre Cluzel, ancien conservateur en chef des peintures du musée du Louvre en préambule du livre. "Cuisine et peinture prennent leurs racines dans la nuit des temps, des contrées, des terroirs, des ciels, des mers" ajoute-t-il. En fait, les auteurs invitent "à regarder avec l'oeil du gastronome les tableaux (...) à la découverte d'un Louvre nouveau, celui où on s'enchante de la manière dont les peintres ont transcrit le réel", écrit encore M. Cluzel.

Les tableaux font recette...
Yves Pinard fait "parler" les tableaux. Il explique ce que l'oeuvre représente à ses yeux et quelle recette peut en être tirée. Certaines proviennent de ses recherches dans l'histoire de la cuisine, servies au moment de la réalisation du tableau ou mentionnées du vivant du peintre. "La Raie" de Jean-Siméon Chardin ou "La nature morte aux homards" d'Eugène Delacroix, celle à "la tête de mouton" de Goya ou aux gaufrettes de Lubin Baugin, sont autant de déclinaisons culinaires logiques de cette démarche gastronomico-artistique. D'autres tableaux en revanche impliquent un examen attentif. Le chef s'interroge sur "Les Noces de Cana": "mais à quel moment du repas sommes-nous donc?". Et de poursuivre: "si le repas du premier plan représente le moment des sucreries, à qui est destinée toute la nourriture du dessus?". Pour lui, la scène "Famille de paysans dans un intérieur" de Louis Le Nain lui raconte "avec force l'importance du repas au sein de la structure familiale" alors que "L'épicière du village" de Gerrit Dou sert de prétexte à un inventaire scrupuleux parfois poétique.
Séverine Quoniam, qui "ne connaissait pas grand chose à la cuisine avant de rencontrer Yves Pinard", ajoute une note de connaissance sur des oeuvres très célèbres ou moins connues. Elle en profite pour glisser ici ou là des indices sur la provenance des toiles mais aussi répondre à des interrogations comme "Café ou chocolat ?" à propos du déjeuner de François Boucher peint en 1739. Si au XVIIIe siècle, les catalogues anciens précisaient que la famille était réunie autour d'une collation de café, au XIXe siècle, le tableau devient la tasse de chocolat", évoquant une famille assemblée pour le petit déjeuner du matin.
Avril 2008

photos Editions Glénat

Cuisine et peinture au Louvre
par Yves Pinard et Séverine Quoniam
Editions Glénat
208 pages, 45 euros

et aussi
Cuisine et peinture au Musée d'Orsay
par Yves Pinard et Séverine Quoniam
Editions Glénat
207 pages, 45 euros (parution septembre 2007)