La légende Ritz vue par Omer Acar, Directeur Général
Si un hôtel mérite le terme de Palace, c’est bien le Ritz Paris, s’exclame Monsieur Omer Acar, directeur général de cet établissement. Originaire de Turquie, esthète dans l’âme, il a su dès l’âge de 6 ans qu’il se destinerait à l’hôtellerie de luxe. Un pari réussi, puisqu’après des études dans l’architecture et l’hôtellerie en Suisse et aux Etats-Unis, il a côtoyé les meilleurs hôtels du monde, dont l’hôtel Halekulani à Honolulu, ceux du groupe Four Seasons, avant d’intégrer le Ritz Paris en 2005.
La crise a-t-elle modifié le comportement de la clientèle ?
Bien entendu, la crise a apporté quelques changements dans nos habitudes hôtelières. Mais la demande est toujours présente, car nous ne sommes pas dans le segment « business » mais loisir. Par contre, notre clientèle est plus consciente de la valeur de l’argent qu’elle dépense et de la valeur en général. C’est pourquoi nous avons décidé d’être encore plus à son écoute, car les clients venant au Ritz, sont ensuite « addict » à l’esprit Ritz ! A nos yeux, dès qu’un client franchit la porte du Ritz, tout doit être dans l’excellence. Le souvenir de son passage doit être unique et l’amener à vouloir revenir chez nous.
La crise vous a-t-elle amené à adapter votre politique de commercialisation ?
Comme nos clients ont conscience de la valeur de l’argent, nous avons été amenés à les choyer encore plus, leur proposant des services supplémentaires, mais jamais en bradant nos prix ou en accordant des remises, ce qui n’est pas l’esprit d’un palace !
Comment vous différenciez-vous face à vos concurrents ?
Nous sommes très différents les uns des autres. Notre force réside peut-être d’une part dans nos installations. Je pense à notre piscine, qui est la plus grande de Paris, à nos deux jardins, dont l’un, le chipping green de 17 mètres sur 38 à six trous, sur 1000m², seul « golf » à Paris, où chacun peut améliorer son swing, à notre école de cuisine, Ritz Escoffier. Le Ritz Paris est également indépendant, ne possède pas de filiale et ne dépend d’aucune chaîne.
Quel est votre positionnement ?
Notre nom à lui tout seul nous positionne déjà ! Puis le glamour et la romance font partie intégrante du Ritz, enfin c’est un hôtel qui appartient à la culture de Paris. Ce que nous appelons « l’esprit Ritz » est unique. Les clients qui l’expérimentent une fois reviennent toujours. Une alchimie entre l’atmosphère du lieu et les services proposés. En fait, nous vendons des « moments », en créant une addiction !
Quels sont vos points forts ?
Nos points forts : la situation au cœur de la Place Vendôme et de son histoire, l’esprit Ritz, qui représente une valeur sans prix, enfin la personnalisation à l’extrême. Par exemple, nous sommes les seuls, je pense, à proposer un mini bar dédié aux enfants et à leur hauteur, avec des produits respectant les nouveaux codes alimentaires pour enfants.
Un autre exemple, celui du shampoing. A l’arrivée de chaque cliente, nous lui proposons de choisir dans une très jolie mallette en cuir le shampoing et son conditionneur de sa marque favorite, convenant à ses cheveux. C’est aussi cela le luxe !
On peut toujours nous copier, nous inventerons autre chose.
Comment vous préparez-vous face à l’arrivée des 4 flagships (Mandarin Oriental, Péninsula, Shangrila et Raffles) ?
Je suis ravi de leur arrivée, cela va dynamiser le marché français. La concurrence est bénéfique pour tout le monde, aussi bien pour le marché français, les hôtels, que pour la clientèle et surtout pour la clientèle. Eux seuls seront juges. C’est un véritable challenge, positif, qui nous pousse à nous améliorer chaque jour. Cela dit, ne devient pas Palace qui veut. A mes yeux, un palace est unique, notamment le « french Palace» : il reflète l’esprit du lieu où il se trouve, véhicule la plupart du temps une histoire, une culture, offre une gastronomie authentique et raffinée grâce à la créativité des chefs. En un mot, il propose une expérience unique dans un lieu magique. Et Paris pour cela est la meilleure capitale en termes d’hospitalité hôtelière.
Au Ritz par exemple, notre chef Michel Roth est le 9ème chef depuis Escoffier. Sa renommée a un impact sur notre clientèle qui sait à quoi s’attendre. C’est aussi une façon de la fidéliser, en lui proposant ce qu’il y a de mieux.
Nous réinvestissons toujours dans l’esprit Ritz, et non pas seulement face à l’arrivée des nouveaux hôtels, qui devront faire leurs preuves et apporter un concept nouveau. Car un succès ne se duplique pas.
Actuellement nous avons réaménagé notre terrasse, repeint et rafraîchi toutes nos chambres et continuons à offrir le meilleur à notre clientèle. Notre objectif : voir ce qui est approprié pour nos clients et pour eux seuls. En un mot, l’esprit Ritz !
Quelle est, de votre point de vue, la tendance du luxe dans les palaces et comment voyez-vous l’évolution du luxe dans votre palace ?
Authenticité et tradition sont des valeurs-refuge intemporelles, et même si nous devons surfer sur l’aspect contemporain, nous ne devons pas céder à la mode, mais plutôt continuer à perpétuer ces valeurs. Dans 10 ans, elles seront toujours d’actualité.