Scène artistique hype au 798 Dashanzi à Pékin
Une ancienne usine d’armement
C’est dans cet ensemble destiné à la fabrication de composants électroniques pour l’armement chinois, que des artistes chassés de leurs ateliers, proches de l’ancien palais d’été, ont investi la place au début des années 90, le rythme s’accélérant dans les années 2000. Ces bâtiments ont très vite été colonisés et « squattés » par des "créateurs." Un désir de liberté s’est alors exprimé à travers la peinture ou la sculpture, déchaînant les pinceaux sur un Mao transformé en icône pop ! Les galeristes, toujours en quête de nouveautés et de tendances, ont vite compris l’émergence d’un nouvel art figuratif et sont rapidement venus s’installer.
Des galeries reconnues
En 2008, reconnaissance ambigüe du gouvernement qui a vite accompagné ce mouvement, tout en se laissant la possibilité d’exproprier tout ce petit monde, afin d'exploiter le terrain en construisant des gratte-ciel, business oblige !
Hadrien de Montferrant, (un des 2 galeristes Français) s’est installé depuis 5 ans en Chine. Après avoir travaillé pour Artcurial, il a ouvert sa propre galerie dans ce district et présente des œuvres originales de Chinois et d'étrangers, sur papier. Lui-même ressent cet engouement incroyable des Chinois pour toute forme d’art, (ils en ont été sevrés si longtemps). Mais pour autant, il ne se fait pas d’illusion sur la motivation d’achat des autochtones qui se fait en priorité sur la culture et les marques. A ses yeux trois courants de peinture émergent : Le courant traditionnel avec des peintures intégrant l’eau, rochers, galets, ainsi que la calligraphie. Le courant académique hérité des russes. Une peinture hyper réaliste et pleine d’émotion. Enfin le courant international comprenant sculptures, peintures, dessins vidéos…
Plus de 200 galeries
Aujourd’hui, il existe plus de 250 galeries, mais tous les jours de nouvelles voient le jour ou ferment. Italiens, allemands, japonais, chinois et beaucoup de coréens s’installent aujourd’hui dans ce quartier. Nouvel élan culturel, les artistes actuels, longtemps frustrés par l’idéologie officielle, sont à l’écoute des tendances occidentales, sans renier leurs racines. Certains intègrent même des collections internationales.
Quelques galeries à voir
Certains surfent sur la vague de cet engouement pour ce pop art branché et déjanté, présentant des artistes occidentaux ou locaux aux riches acheteurs chinois. Un galeriste plus connu que les autres (le baron belge Guy Ullens) a été foudroyé par cette nouvelle iconographie, créant dans un bâtiment désaffecté sur les plans de Jean-Michel Wilmotte, sa fondation pour l’art contemporain chinois, UCCA, aujourd’hui dirigée par Jérôme Sans. Galerie Tang, une des premières galeries reconnues en Chine au 798 où vous verrez des œuvres à double lecture. Enfin la Faurshou Foundation où vous pourrez voir des œuvres de AI Weiwei Caochangdi : un nouveau district culturel
Gardons en mémoire, que ce marché de l’art n’a qu’une vingtaine d’années et que les chinois achètent en priorité la culture et les marques. Un autre quartier similaire à Dashanzi s’est crée à Caochangdi, où le plus grand artiste national, Xiang Fanghi s’est installé. Ce périmètre a son identité propre. Vous pourrez y visiter le Shang Art qui regroupe plusieurs marques, dont Huge Character, Meg Maggio, Art Channel ou The Three Shadows Photography Art center dessiné par le célèbre Ai Weiwei, peintre subversif et opposant au gouvernement chinois, qui a été plusieurs fois emprisonné.
Cet art devenu majeur, grâce à ses côtes astronomiques, a de quoi faire tourner les têtes. Mais combien de temps durera cet engouement ?