Louis-Albert de Broglie le Prince Jardinier
Réunir dans un même lieu tout ce qui concerne les passionnés de l'art des jardins et du jardinage. Des outils, aussi beaux que pratiques, des graines rares, des vêtements confortables, des produits savoureux issus du potager privé, des présentations de collections de végétaux, des livres de botanique ou de grands jardiniers, des propositions de voyage dans les plus beaux jardins d'Europe, des objets d'art et de curiosités, des expositions de photos de peinture : tout un univers de talents et de savoir-faire.
Louis-Albert de Broglie, le "Prince Jardinier" qui a ouvert sa première boutique au Palais-Royal à Paris présente pour Luxe-magazine les raisons de cette création très originale.
Louis-Albert de Broglie, le "Prince Jardinier" qui a ouvert sa première boutique au Palais-Royal à Paris présente pour Luxe-magazine les raisons de cette création très originale.
D'où vous vient cette vocation jardinière ?
J'étais banquier pendant près de huit ans à Paribas. Un jour le hasard a fait que mon frère ma demandé si je voulais racheter une propriété en Touraine, le Château de la Bourdaisière, un monument historique au cœur des châteaux de la Loire, pour l'ouvrir plus largement au public.
Nous avions en effet identifié deux activités possibles :
- En premier lieu, une sorte d'hôtellerie de chambres d'hôtes, dans un petit fleuron, un écrin de la Loire. Aujourd'hui, nous y avons 21 chambres et recevons 80% d'étrangers dans un un site du genre "Relais et Châteaux", mais dans un parc de 60 ha avec des jardins et tout ce qu'il faut : C'est devenu un lieu de loisirs, de découverte, de séminaires, etc.
- Et les jardins, justement, qui dataient du XIVème siècle... L'histoire de ces lieux est assez amusante, et leur architecture s'échelonne jusqu'au XIXème siècle. Ce qui m'intéressait dans ce jardin était d'y planter, dans le potager, des variétés anciennes. Cela m'amusait et c'était pour moi une passion.
C'est alors que j'ai pris conscience qu'il y a des choses qui sont belles, qu'on ne voit plus, et qu'il fallait les faire revivre : des outils, des vêtements, des accessoires, etc.
J'ai entrepris cette première création dans l'optique que cela serve à La Bourdaisière... Et en ne pensant pas une seconde qu'on en ferait une collection !
Mais les idées ont avancé plus vite que la musique, et très rapidement, nous nous sommes ainsi mis à la tâche pour créer une collection intitulée "Le Prince Jardinier". C'était une sorte de clin d'œil, une allusion, à un sobriquet dont j'étais affublé.
Puis, en très peu de temps nous avons constaté que le jardinage était bien devenu un véritable loisir, auquel il manquait cependant quelque chose d'assez élégant et raffiné, et qu'une demande de cette nature existait.
Pouvez être plus précis sur ce "sobriquet" ?
Je suis Louis-Albert de Broglie. Louis-Albert plus exactement : Il se trouve en effet que j'ai un titre de Prince du Saint Empire Romain Germanique, un titre qui se transmet de père en fils dans la famille avec une tradition de gens aux services de l'état.
C'est une tradition d'entrepreneurs également, même si au sens moderne du terme c'est un peu une entreprise différente de celles qui ont construit ou défendu les États, au plan militaire, ou scientifique d'ailleurs, avec des prix Nobel ou des académiciens.
Merci de cette précision, revenons à vos jardins...
Comme la nature à horreur du vide nous nous sommes mis à la tâche, et nous avons vite été très demandés, aussi bien aux Etats-Unis - où nous avons tout de suite commencé à vendre - qu'en Angleterre, chez Harrods et Fortnum and Mason, ou au Japon.
L'idée était de créer dans le domaine du jardinage une ligne homogène et qui ressuscitait les outils, les accessoires, les vêtements de jardiniers que nous avions vu - comme par hasard - chez nos grands-parents, et qui étaient constitués de matériaux nobles et simples.
Un conservatoire de la Tomate
Mais je souhaitais aller plus loin que ça.
Ma philosophie était de préserver la biodiversité. Je me suis ainsi intéressé, entre autres, à la tomate : J'ai créé un Conservatoire de la Tomate, en Touraine, avec 500 variétés. C'est devenu un exemple même de la raison pour laquelle le regard des gens est aussi désabusé sur ce que l'on mange au quotidien : La plupart du temps ce sont des tomates rouges, rondes, luisantes... mais sans saveur !
C'est un vrai retour aux sources ?
Oui, car en fin de compte, l'idée de tout ça c'est de proposer un regard un peu différent sur les objets, sur les traditions. C'est la conviction qu'il faut préserver et défendre, pour nous, nos enfants, nos petits enfants, pour l'avenir... Préserver ce qui est dans l'assiette de chacun doit être, on le sait aujourd'hui, la préoccupation des individus, plus que des collectivités, car ce sont les individus aujourd'hui qui se révoltent de ce que l'on mange si mal, et de ce que l'on élève et cultive mal.
Le regard du Jardinier
Cette une sorte de philosophie, d'art de vivre, d'art de regarder les choses différemment et avec ce regard du jardinier qui est très riche d'enseignement. Car le jardin parle.
Le jardin parle aussi bien des fleurs, des plantes - d'accessoires certes avec notre collection - mais sa leçon s'étend aussi aux parfums, à la nourriture, aux voyages, voire à la philosophie...
Le Conservatoire de la Tomate a été créé dans cette optique ?
C'est ludique mais aussi très profond. Je l'ai souligné en intervenant devant des gens de la Confédération Paysanne, et de Greenpeace que j'ai accueillis. Je leur ai dit que ce qu'ils faisaient était remarquable. Si je vous accueille ici, leur ai-je dit, c'est parce que j'ai une conviction : Je pense fondamentalement que les gens, après avoir traversé une trentaine d'années d'irresponsabilité où ils ont laissé les collectivités et les pouvoirs publics s'arroger le monopole des décisions qui les concernaient, constatent aujourd'hui, qu'à travers ce qu'on entend sur la "Vache Folle", les dioxines, les farines animales, etc., non pas tant qu'on a abusé de leur confiance, mais qu'ils ont été trop peu curieux...
Aujourd'hui c'est le contraire : Ils s'aperçoivent qu'il est urgent de poser les bonnes questions, de s'y intéresser, et de devenir responsable face à une forme d'irresponsabilité. Encore faut-il se poser les bonnes questions.
En somme c'est ce que fait le "Prince-Jardinier" ?
C'est une modeste contribution de ce que je peux apporter dans le domaine de la préservation et rendre au paysage son luxe - une notion qui a aujourd'hui bien changé - et faire en sorte que les gens achètent par vraie conviction plutôt que par un système financier et parce que c'est plus cher ou que c'est beau.
J'étais banquier pendant près de huit ans à Paribas. Un jour le hasard a fait que mon frère ma demandé si je voulais racheter une propriété en Touraine, le Château de la Bourdaisière, un monument historique au cœur des châteaux de la Loire, pour l'ouvrir plus largement au public.
Nous avions en effet identifié deux activités possibles :
- En premier lieu, une sorte d'hôtellerie de chambres d'hôtes, dans un petit fleuron, un écrin de la Loire. Aujourd'hui, nous y avons 21 chambres et recevons 80% d'étrangers dans un un site du genre "Relais et Châteaux", mais dans un parc de 60 ha avec des jardins et tout ce qu'il faut : C'est devenu un lieu de loisirs, de découverte, de séminaires, etc.
- Et les jardins, justement, qui dataient du XIVème siècle... L'histoire de ces lieux est assez amusante, et leur architecture s'échelonne jusqu'au XIXème siècle. Ce qui m'intéressait dans ce jardin était d'y planter, dans le potager, des variétés anciennes. Cela m'amusait et c'était pour moi une passion.
C'est alors que j'ai pris conscience qu'il y a des choses qui sont belles, qu'on ne voit plus, et qu'il fallait les faire revivre : des outils, des vêtements, des accessoires, etc.
J'ai entrepris cette première création dans l'optique que cela serve à La Bourdaisière... Et en ne pensant pas une seconde qu'on en ferait une collection !
Mais les idées ont avancé plus vite que la musique, et très rapidement, nous nous sommes ainsi mis à la tâche pour créer une collection intitulée "Le Prince Jardinier". C'était une sorte de clin d'œil, une allusion, à un sobriquet dont j'étais affublé.
Puis, en très peu de temps nous avons constaté que le jardinage était bien devenu un véritable loisir, auquel il manquait cependant quelque chose d'assez élégant et raffiné, et qu'une demande de cette nature existait.
Pouvez être plus précis sur ce "sobriquet" ?
Je suis Louis-Albert de Broglie. Louis-Albert plus exactement : Il se trouve en effet que j'ai un titre de Prince du Saint Empire Romain Germanique, un titre qui se transmet de père en fils dans la famille avec une tradition de gens aux services de l'état.
C'est une tradition d'entrepreneurs également, même si au sens moderne du terme c'est un peu une entreprise différente de celles qui ont construit ou défendu les États, au plan militaire, ou scientifique d'ailleurs, avec des prix Nobel ou des académiciens.
Merci de cette précision, revenons à vos jardins...
Comme la nature à horreur du vide nous nous sommes mis à la tâche, et nous avons vite été très demandés, aussi bien aux Etats-Unis - où nous avons tout de suite commencé à vendre - qu'en Angleterre, chez Harrods et Fortnum and Mason, ou au Japon.
L'idée était de créer dans le domaine du jardinage une ligne homogène et qui ressuscitait les outils, les accessoires, les vêtements de jardiniers que nous avions vu - comme par hasard - chez nos grands-parents, et qui étaient constitués de matériaux nobles et simples.
Un conservatoire de la Tomate
Mais je souhaitais aller plus loin que ça.
Ma philosophie était de préserver la biodiversité. Je me suis ainsi intéressé, entre autres, à la tomate : J'ai créé un Conservatoire de la Tomate, en Touraine, avec 500 variétés. C'est devenu un exemple même de la raison pour laquelle le regard des gens est aussi désabusé sur ce que l'on mange au quotidien : La plupart du temps ce sont des tomates rouges, rondes, luisantes... mais sans saveur !
C'est un vrai retour aux sources ?
Oui, car en fin de compte, l'idée de tout ça c'est de proposer un regard un peu différent sur les objets, sur les traditions. C'est la conviction qu'il faut préserver et défendre, pour nous, nos enfants, nos petits enfants, pour l'avenir... Préserver ce qui est dans l'assiette de chacun doit être, on le sait aujourd'hui, la préoccupation des individus, plus que des collectivités, car ce sont les individus aujourd'hui qui se révoltent de ce que l'on mange si mal, et de ce que l'on élève et cultive mal.
Le regard du Jardinier
Cette une sorte de philosophie, d'art de vivre, d'art de regarder les choses différemment et avec ce regard du jardinier qui est très riche d'enseignement. Car le jardin parle.
Le jardin parle aussi bien des fleurs, des plantes - d'accessoires certes avec notre collection - mais sa leçon s'étend aussi aux parfums, à la nourriture, aux voyages, voire à la philosophie...
Le Conservatoire de la Tomate a été créé dans cette optique ?
C'est ludique mais aussi très profond. Je l'ai souligné en intervenant devant des gens de la Confédération Paysanne, et de Greenpeace que j'ai accueillis. Je leur ai dit que ce qu'ils faisaient était remarquable. Si je vous accueille ici, leur ai-je dit, c'est parce que j'ai une conviction : Je pense fondamentalement que les gens, après avoir traversé une trentaine d'années d'irresponsabilité où ils ont laissé les collectivités et les pouvoirs publics s'arroger le monopole des décisions qui les concernaient, constatent aujourd'hui, qu'à travers ce qu'on entend sur la "Vache Folle", les dioxines, les farines animales, etc., non pas tant qu'on a abusé de leur confiance, mais qu'ils ont été trop peu curieux...
Aujourd'hui c'est le contraire : Ils s'aperçoivent qu'il est urgent de poser les bonnes questions, de s'y intéresser, et de devenir responsable face à une forme d'irresponsabilité. Encore faut-il se poser les bonnes questions.
En somme c'est ce que fait le "Prince-Jardinier" ?
C'est une modeste contribution de ce que je peux apporter dans le domaine de la préservation et rendre au paysage son luxe - une notion qui a aujourd'hui bien changé - et faire en sorte que les gens achètent par vraie conviction plutôt que par un système financier et parce que c'est plus cher ou que c'est beau.
Juillet 2004
Par Yves CALMEJANE