Portraits


Eric Gizard

Auprès de Michel Boyer, Eric Gizard reçoit une éducation en matière de créations d’images en collaborant auprès de Nelly Rodi. Indépendant depuis 1987, l’art de composer en deux et trois dimensions acquis, voilà donc posées toutes les bases nécessaires à la création de son agence EGA, en 1999,  Avec son équipe, il répond à des projets tout aussi variés que la création des Salons Air France dans le monde, un hôtel à Munich,un hôtel particulier parisien ou des appartements au Japon. Récemment, EGA a réalisé l’harmonie des cabines de l’A380 pour Air France, l’aménagement du Printemps de Deauville, le nouveau concept d’architecture commerciale de SKII (marque japonaise de cosmétiques de luxe) en Asie... En parallèle, Eric Gizard a dessiné des collections de mobilier pour Treca Interiors et Steiner… En 2012, Eric Gizard reçoit de l’Institut Français du Design une double récompense : le Janus du Commerce pour son concept d’architecture d’intérieur BOCAGE et le Janus de l’Industrie, pour la création des cabines d’ascenseur Synergy BLUE de ThyssenKrupp.
 Votre définition du luxe ?

Peut-être, le luxe n’est-il qu’un état d’âme ? Finalement chacun voit « son luxe » à sa porte. Pour celui qui aime l’espace, c’est une plage déserte au bout du monde, pour un autre qui n’aime que la vitesse, c’est avoir un avion privé pour rattraper le temps. Et pour les femmes « addictes » des sacs à main, c’est une boutique LV !
Mais l’essentiel est de comprendre que la notion de luxe est finalement très personnelle. Elle fait partie du plaisir d’abord égoïste que le luxe peut procurer à chaque individu mais que si il n’est pas partagé, il peut s’assécher comme une rose en train de se faner.
J’ai aimé voir Eric Cantona mettre sa voiture aux enchères graffitée par des artistes et offrir le montant de la vente aux restos du cœur. Voilà pour moi une nouvelle notion du luxe aujourd’hui : la générosité.

Quel est votre comble du luxe ?

Aujourd'hui le luxe est plutôt mal traité. Il est galvaudé et même presque banal. Tout est VIP, tout est luxe mais la plupart du temps tout est faux luxe !
Je reste attaché aux vraies valeurs du luxe qui ne sont pas forcément matérielles, mais aussi sociales, liées à ce rôle qu’il a toujours joué : permettre à la créativité, aux savoir-faire et à la technologie d’évoluer et de progresser dans un monde toujours en retard sur son temps et ses idées.
Un commanditaire qui vient me voir parce qu’il aime mon travail est pour moi une forme de luxe, surtout lorsque les rapports se font dans la confiance et dans le désir de construire quelque chose d’unique.
Avoir la possibilité de faire travailler les meilleurs artisans pour un résultat unique de haute facture est un vrai luxe. Et grâce à ces actions, le luxe permet la préservation et le développement des arts toujours en effervescence, du plus traditionnels au plus contemporain.

Le luxe dont vous ne sauriez-vous passer ?

Je parle beaucoup du luxe de l’invisible, c’est-à-dire celui qui ne se voit pas mais qui peut se ressentir à chaque instant, comme un parfait équilibre entre l’ombre et la lumière, comme des matières et des couleurs qui se révèlent avec le temps, comme la qualité d’un service en toute discrétion, comme des silences cachés et des vides inspirés.
Au quotidien, j’aime aller à pied travailler tous les jours, être dans un bâtiment baigné par la lumière du nord et qui me permet de vraiment voir et comprendre les matières et les couleurs que j’aime utiliser. Garder ma liberté de création et mon indépendance. Le luxe est multiple mais le plus important est de savoir ce qu’on en fait et comment on le vit.
Mars 2013
Par La rédaction