Gastronomie


Les cigares de Monsieur Tribouillard

Daniel Tribouillard, l'homme qui a mis “une orchidée sur de la soie”, est un spécialiste reconnu de l'inspiration florale en matière de mode. Mais cet amateur de fleurs aime aussi le cigare. Son inspiration lui est parfois facilitée par la dégustation d'un bon cigare, cubain en général, qui contribue à faire voyager son esprit. C'est alors un grand moment sensuel, qui l'aide dans sa réflexion, et lui ouvre les portes de la créativité et de l'imaginaire.
Quels cigares fumez-vous ?

J'aime les Robustos, ayant des habitudes bien précises. Je les achète principalement au tabac George-V ou chez Gérard, à Genève.

Qu'est ce qui motive le choix de ce type de cigare ?

C'est un volume qui facilite le déplacement de la fumée dans le cigare. Il n'est pas nécessaire de tirer comme un fou, le Robusto ayant un bon tirage. Par contre, la fumée doit être douce et ne pas piquer la langue.
J'aime également les choix des tabacs qui y sont faits. Les hommes qui aiment ce type de cigare sont des gourmands ! Il faut que cela leur remplisse la bouche !
A mon goût, le meilleur Robusto, c'est celui de Cuba.

Fumez-vous également d'autres terroirs ?

Le plaisir vient du contraste, c'est d'ailleurs ce qui a toujours conditionné ma vie.
Il est certain que si vous fumez tous les jours un Robusto de Cuba, un luxe, car difficilement accessible, vous ne savez plus où est votre bonheur.
Il faut donc alterner avec différents tabacs comme l'Epicure n° 2 de Monterey, le D4 de Partagas, le Romana Lopez et le Juan Lopez (toujours des Robustos).
Pour moi, le luxe c'est définitivement un cigare cubain.
A l'exception de la série spéciale de Robusto de Davidoff, je ne fume que des havanes.
D'ailleurs, aujourd'hui, vous me voyez fumer un Ramon Allones. Il est peut-être moins connu du grand public, mais il partage avec le Partagas la promesse d'un cigare puissant, charpenté et beaucoup de caractère.
J'ai bien entendu essayé d'autres cigares, en provenance de pays comme le Honduras, la République Dominicaine ou le Nicaragua, mais aucun, à ce jour, ne me procure le même plaisir qu'un cigare de la Havane.

Quels sont les moments privilégiés où vous fumez le cigare ?

Je ne fume jamais le cigare, si je n'ai pas le temps d'apprécier.
Par contre, j'aime fumer le cigare après un bon déjeuner, en fonction de ma disponibilité, bien entendu. C'est pour moi un grand bonheur sensuel. Un contexte, une ambiance, un lieu, trouvent leur place dans la perception des saveurs que me procure un cigare.

Y a-t-il une culture "cigare" dans la mode ?

Oui. Comme le cigare est un produit de luxe, par la qualité de ses feuilles, et par sa fabrication en petite série, il trouve obligatoirement ses adeptes dans notre milieu.
Beaucoup de gens qui m'entourent dans la mode fument le cigare, comme Jean de Mouy (ex Patou) et dans d'autres milieux comme Patrick Poivre D'Arvor, Jean-Claude Narcy, Philippe Gildas et Johnny Hallyday.

Le cigare vous inspire-t-il dans votre création ?

Absolument. Je ne fume que le cigare, n'ayant jamais fumé la cigarette.
La fumée d'un bon cigare m'aide à la réflexion et à faire voyager mon esprit. Il m'apporte du rêve, voire des visions que chacun projette en fonction de sa vie.

Que vous apporte un bon cigare ?

En dehors du plaisir gustatif et gourmand, il vous oblige à une évasion, car il vous fait tourner la tête. Vous vous déconnectez de la réalité. C'est un moment de volupté.
De plus, comme je suis un gourmand épicurien, je fume le cigare pour trouver dans mon palais un parfum, que je ne trouve nulle part ailleurs.

Quels sont les rituels pour choisir un cigare ?

Tout d'abord, je regarde sa couleur. J'aime une cape claire. J'ai le sentiment que cela donne un cigare plus doux.
Puis, je le touche, pour voir si son humidification est suffisante.
Ensuite je le coupe d'une manière franche et nette, l'objectif étant d'avoir un bon tirage. J'ai d'ailleurs au minimum 195 coupes-cigares pour cette opération.
En dernier lieu, intervient l'allumage qui est la phase la plus importante. Je l'allume avec un briquet à flamme droite (Dupont). Celle-ci pénètre bien dans la feuille et ne fait pas seulement brûler l'extérieur. Ce qui donne un bon tirage.

Depuis combien d'années fumez-vous le cigare ?

A peu près 30 ou 40 ans.

Comment êtes-vous venu au cigare ?

Né avant la guerre - en 1935 - mes parents m'ont envoyé à la campagne lorsque j'avais 9 ans, chez de braves gens, qui m'ont laissé cultiver mon tabac.
Je trempais, séchais les feuilles, et roulais moi-même mes cigarillos, que je fumais ensuite.
Cette expérience ne m'a pas donné l'envie de fumer des cigarettes, par la suite, mais a conditionné mon désir de retrouver le goût de la feuille de tabac de ma jeunesse.

Appartenez-vous à un club de fumeurd de cigares ?

Je suis régulièrement invité au club des journalistes fumeurs de cigares de haut niveau.

Choisissez-vous des lieux publics en fonction de la possibilité de fumer le cigare ?

Oui. Par exemple, je déjeune régulièrement chez Marius et Jeannette où je peux fumer sans problème le cigare, avec un bon café qui, à mon goût, augmente sa saveur. Ce serait plutôt les gens qui ne fument pas, qui sont suspects dans cet endroit (rires).

Y a-t-il des attitudes qui vous irritent dans le monde du cigare ?

Non, ceux qui m'irritent sont ceux qui ne me laissent pas fumer le cigare.

Combien de cigares fumez-vous par jour ?

Deux cigares par jour.

Avez-vous des anecdotes à me raconter sur le cigare ?

Comme vous le savez très certainement, je suis très ami avec Johnny Hallyday. C'est moi qui l'ai initié au cigare, afin de le freiner dans sa consommation de cigarettes.
Il est parti, il y a quelque temps à Cuba. Pour me remercier, il m'a fait parvenir 6 cigares artisanaux, roulés un par un à la main par une vieille cubaine.
C'est cela le vrai luxe. Nous les avons fumés ensemble sur son yacht.
Juillet 2004
Par Katya PELLEGRINO
Président directeur général de la société Léonard, créée en 1958, il a construit sa renommée sur l'imprimé de fleurs exotiques, avec une prédilection pour l'orchidée. L'essor international ne s'est jamais démenti, particulièrement au Japon, où Daniel Tribouillard est considéré comme un dieu du kimono. Ses débuts sont dignes d'un roman d'Emile Zola, il a commencé sur "une caisse en bois recouverte de tissu", chez Léonard. Il a su cependant mettre à profit une façon de penser un peu excentrique, pour imposer un genre différent, devenu le style Léonard.
Cet épicurien, gourmand, et généreux, a mis son talent et sa créativité au service de sa clientèle. Il aime la Femme, et l'a prouvé en créant un style original, une façon de se vêtir, gaie et luxueuse, qui la met en valeur. L'homme n'a pas non plus été oublié, puisque Daniel Tribouillard lui consacre depuis 1994 une ligne masculine, où l'esprit Léonard se retrouve dans des bandes, des imprimés sur les polos ou le logo sur les poches des jeans. Un parfum, Monsieur, à l'arome boisé, élégant et discret, complète cette collection.

Les boutiques :
36, avenue Pierre 1er de Serbie - 75008 Paris
48, Fbg St Honoré - 75008 Paris
40, rue du Rhône - 1204 Genève
www.leonardparis.com