Benoît Solès, comédien aux multiples facettes
Séducteur avant tout, Benoît Soles a la flamme du comédien en lui. Né à Agen, dans son enfance, il se voyait égyptologue, restaurateur ou politicien ! Son père dans le prêt-à-porter et sa mère dans l’administration lui enseignent des valeurs de travail, d’art et de culture. Homme de contraste, il aime les prises de risque et s’engage à chaque fois dans des domaines totalement différents. Comédien, (il a joué Cyrano de Bergerac), acteur avec Michel Blanc ou chez André Téchiné, conseiller dans le 3ème arrondissement de Paris, nouvellement restaurateur Place des Vosges avec son petit café italien Ristreto, il finit par réaliser tous ses rêves. Zoom avec Katya Pellegrino.
Sa vocation de comédien, il l’a toujours eu en lui mais, elle s’est dévoilée au collège à 15 ans, lorsqu'il remplace au pied levé un élève pour jouer la pièce d’Antigone. Ce fut le déclic !
Au lycée, il intègre une troupe professionnelle gérée par Roger Louret, un homme incroyable selon Benoît.
Il suit ses cours au lycée Montaigne à Bordeaux, passe son bac B puis s’inscrit dans une classe préparatoire, Hypokhâgne. Mais, le destin prend le visage de Pierre Palmade et Murielle Robin qu’il rencontre cet été là. Il n’ira pas à Hypokhâgne.
A ce moment tout s’enchaîne, Roger Louret lui propose de jouer « la Java des Mémoires » qui était entièrement chantée. Une première. Durant la tournée il rencontre Jean-Luc Tardieu qui le fait débuter dans une pièce « le Marchand de Venise ».
C’est le début du succès !
Avez–vous des regrets ?
Mon métier de comédien m’oblige à des remises en question constantes. Il y a des doutes, des peurs. De pièce en pièce je gagne en expérience et en même temps, j’ai l’impression de réapprendre et de me mettre en danger. C’est ce que j’aime dans le théâtre ! Il y a une mise en danger, une émotion de texte que j’aime.
En 2013, vous entrez en campagne avec Nathalie Kosciusko-Morizet pour les élections municipales parisiennes de 2014. Deuxième sur la liste du 3ème arrondissement, vous êtes élu conseiller municipal. Pourquoi ce virage vers la politique ?
Je ne suis pas un homme politique. Je suis un artiste qui s’engage. La politique m’a toujours rattrapé. En fait je suis un politique membre de la société civile. En 99 je m’occupe du comité de soutien de Bertrand Delanoë que j’ai rencontré chez des amis communs. En 2013 je rencontre Nathalie Kosciusko Morizet qui créait des groupes de réflexion sur la thématique du théâtre et de la culture. Elle a de l’ambition et ne s’en cache pas. Elle a une vue sur la société moderne qui me convient et me correspond. C’est la raison pour laquelle je me suis engagé pour être conseiller municipal du 3ème arrondissement.
A quoi correspond cet engagement ?
C’est un mandat de proximité. Je siège à des commissions pour parler de voirie, de crèche, du quotidien auquel tout citoyen est confronté ! Nous sommes dans la réalité ! J’ai un mandat de 6 ans et cela me plaît.Comment arrivez-vous à concilier le théâtre et la vie politique ?
J’y arrive (sourire). Dans la journée je participe à des réunions, je fais du porte à porte. J’aime, cela me passionne, m’apporte un autre regard, une façon différente de m’engager vis-à-vis des autres. Car un comédien peut s’assécher, et il lui faut de la fraîcheur !
Si vous aviez la possibilité de vous engager plus en politique, le feriez-vous ?
Je reste un comédien, ce qui fait ma valeur ajoutée. Un comédien qui s’engage plutôt à droite cela n’existe pas (sourire).Pourriez-vous faire la même chose à gauche ?
A chaque fois je réfléchis et je m’engage en toute liberté car je pense que la personne que je choisis est la meilleure !C’est un choix personnel qui n’est pas un engagement partisan. C’est en fait un engagement du centre et de la droite.
Est-ce du courage que de s’engager à droite ?
Non, mais la culture par définition est intrinsèquement plus de gauche (sourire). Il y a une mécanique de pensée unique à gauche. Les clichés présentent les gentils comme étant à gauche et les méchants à droite, mais ce ne sont que des clichés, heureusement ! Les citoyens me respectent car je suis devenu un conseiller de l’opposition.Comment vos parents réagissent ils face à votre vie riche et diversifiée ?
Ils sont fiers de voir que je me réalise avec une petite crainte que je ne me disperse. Quant à mon frère, qui était un champion de golf, suite à un terrible accident il est devenu tétraplégique et vit à Agen. Il est devenu peintre malgré lui et a créé une fondation « Demain Debout Aquitaine » Il a réussi à sublimer son handicap grâce à sa force de volonté. Je l’admire beaucoup !Que représente cet hôtel particulier où vous vivez, Place des Vosges ?
L’idée était de créer un lieu de réception avec Jean-Claude Binoche dans un salon du XVIII où l’on puisse recevoir, dîner, répéter et faire des expositions. En un mot un lieu protéiforme, lieu de vie, d’échanges, de gastronomie. Nous organisons d’ailleurs des repas avec Lenôtre. A mes yeux ce pavillon célèbre les objets d’art, avec élégance, raffinement, rareté et caractère. C’est un peu une vitrine du bon goût et de l’art de vivre à la française. C’est aussi finalement un autre pan de ma vie.
L’art tient une place importante dans votre vie ?
Mon métier est presque un art et j’essaie de me perfectionner avec sérieux, et d’une manière laborieuse. Quant à la politique, j’essaie de la pratiquer avec élégance et douceur.
Quels sont vos projets ?
Partir en tournée en province puis en Suisse, Maroc, Liban… avec « Rupture à domicile ». Il y aura ensuite une tournée en 2018. J’ai aussi Cyrano de Bergerac au théâtre XIV où je joue Cyrano. Ensuite continuer à mener avec exigence et harmonie ma vie locale.
Mai 2016
Par Katya PELLEGRINO