Valence, de l’ombre à la lumière
Paradoxale et éclatante, Valence a un ambassadeur de choix en la personne du peintre Joaquin Sorolla né en 1863 dans cette ville toute de lumière, située à l’est de l’Espagne sur la côte méditerranéenne. Cette éternelle concurrente de la très branchée Barcelone s’avère riche d’un patrimoine qu’elle sait aussi teinter de modernisme.
Sorolla peintre de la lumière
De sa maison natale au cœur de la vieille ville jusqu’au chalet en bord de mer de son ami, valencien comme lui, l’écrivain Vicente Blasco Ibanez; de sa carrière internationale qui s’affirme à Paris dès 1906 aux côtés des peintres impressionnistes jusqu’à sa demeure madrilène devenue musée, il est plaisant de progresser sur les pas de ce très grand peintre qu’une belle exposition permet de découvrir. Elle se tient au musée des Impressionnismes à Giverny jusqu’au 6 novembre puis à Madrid, à 1h30 de Valence par le train à grande vitesse AVE, équivalent du TGV français.
Du 24 novembre au 19 mars 2017, dans la maison du peintre devenue Musée Sorolla, on découvrira le même superbe accrochage d’une centaine de toiles dont une cinquantaine d’esquisses. Cette exposition baptisée « Sorolla, un peintre espagnol à Paris » permet de comprendre comment s’est forgé le style si surprenant et novateur de cet artiste prolixe considéré comme le plus haut représentant de l’impressionnisme espagnol, à travers des paysages, des portraits et des scènes de plages mais aussi des tableaux de genre à caractère plus social.
Valence, l’éclatante
Belle exposition et bon prétexte pour découvrir Valence et saisir les nuances de la magnifique lumière qui l’inonde, merveilleusement saisie par l’artiste ! Réputée pour son climat doux d’un bout à l’autre de l’année, Valence conserve précieusement les acquis de sa longue histoire. La petite colonie grecque conquise et tant appréciée par les romains puis par les maures, est aujourd’hui la 3ème ville d’Espagne. Sa plongée dans le 21ème siècle cohabite avec les trésors du passé : cathédrale, église San Nicolas avec ses fresques époustouflantes récemment restaurées, salle de La Lonja où les marchands se réunissaient au XVIème siècle. Autant de témoignages de l’âge d’or de la ville enrichie par le commerce maritime avec l’Orient comme on le découvre en visitant le tout récent Musée de la soie.
Le passé s’anime à travers les édifices du début du 20ème siècle et leur style joyeux, empreint d’inspiration « art nouveau » et porteur de cette touche d’exubérance propre au savoir-faire des artistes et artisans de la côte du Levant Espagnol. Quel plaisir de découvrir le « mercado de Colon » un édifice de style moderniste devenu lieu de détente et de shopping dans la tranquillité du quartier de l’Ensanche ou, plus encore, de plonger dans l’opulence du « mercado Central », un des plus beaux d’Espagne, regorgeant de ces fruits et légumes, produits de la mer et autres douceurs qui font toujours la réputation de la ville.
Le gourmand ne saura où donner de la tête entre les salaisons ibériques, les oranges succulentes, le riz rond produit dans les rizières toutes proches du parc naturel de la Albufera qui donne le meilleur résultat pour une vraie « paella valenciana ».
Attirance pour la plage
La gourmandise n’est pas ici un vain mot. Pour en savoir plus et se régaler de ce plat typique, il faut vite rejoindre les plages qui s’étirent sans fin et nous ramènent aux plus beaux tableaux de Sorolla : retour des barques de pêcheurs, éclat solaire des scènes de jeux d’enfants au bord de l’eau, élégantes laissant flotter au vent voilettes et longues robes à l’heure de promenades vespérales où la lumière franche se tempère de douceur….
Dans cette atmosphère empreinte de nostalgie, le quartier Cabanyal s’étire dans des petites rues parallèles à la plage. Les façades colorées et hétérogènes des anciennes maisons de pêcheurs, comme des petites villas de vacances des années 30, donnent un goût salé à cette promenade. Elle se terminera avec bonheur dans l'une des plus anciennes et typiques tavernes du lieu, la Bodega Casa Montana, autour de tapas variées et de plats traditionnels qui s’arrosent d’une excellente sélection de vins d’Espagne.
Au plus près de la mer, le long du Paseo Maritimo, s’offre une série d’excellents restaurants spécialistes de la paella : les familles endimanchées aiment à s’y retrouver autour du plat emblématique de Valence. A ne pas manquer, la cuisine du Casa Carmela où l’on s’affaire autour des feux ouverts afin de conférer à chaque plat de paella son « socarrat », ce petit fond de riz grillé qui signe une cuisson dans le respect de la tradition ! A base de viande de lapin selon la recette originelle ou « del mar » avec force langoustines, elle sera succulente !
Les bains changent d’époque
Entre ce quartier traditionnel du bord de mer et le nouveau port qui s’est développé après les années 30, l’Hôtel 5 étoiles Las Arenas Balneario Resorts s’avère un parfait point d’ancrage.
Cet ancien établissement de bains, les pieds dans l’eau en 1900, a pris quelques distances avec la mer mais il n’en est pas si éloigné : la Méditerranée est là, tout près et le baigneur a toujours le choix : rejoindre la plage par un passage privé ou s’offrir un plongeon dans la piscine édifiée en 1933 et classée, jusqu’à son plongeoir, pour son impeccable style Art déco.
Sorolla, toujours très inspiré par ce bord de mer hante encore les lieux et signe l’émouvant portrait en pied d’une élégante femme en rose qui nous accueille dans le restaurant « Brasserie Sorolla »; face aux grandes baies vitrées donnant sur la mer, on appréciera une belle sélection de vins, un service attentif. La carte interprète avec élégance la cuisine locale et sert notamment la traditionnelle préparation « Fideua » sorte de paella ou de petites pâtes (fideo) remplacent le riz.
L’établissement 5 étoiles est situé sur l’emplacement des anciens « Bains » édifiés en 1898. Construit en 2006, il compte parmi les plus emblématiques du groupe espagnol Los Santos avec ses 153 chambres de belle proportion réparties en 5 catégories dont 8 suites, « présidentielles » pour deux d’entre elles. Les soins à l’eau thermale de jadis n’ont plus cours mais sont remplacés par les massages dispensés dans le Spa de l’Hôtel.
Les soirées s’animent en direction du nouveau port de Valence. Le Marina Beach Club est là pour renouer avec le dynamisme et la vitalité propre à l’Espagne. Valence a reçu les épreuves de l’América Cup en 2007 et l’évènement a laissé des traces, notamment « Veles E Vens » la capitainerie de haute volée signée par l’architecte David Chipperfield. Cette splendeur épurée et altière qui domine le port va bientôt être un autre bel endroit de gastronomie avec l’ouverture annoncée de 3 restaurants sur des thématiques différentes : gastronomique, autour de la bière et cuisine méditerranéenne…
Valence pleine de surprises
Entre ces deux pôles de la vie Valencienne s’étendent les 9 kilomètres de parcs et jardins qui occupent l’ancien lit du fleuve Turia ; il arrosait la ville avant d’être détourné et canalisé dans les années 60. Une coulée architecturale contemporaine lui succède, toujours en direction de la mer. L’architecte valencien Santiago Calatrava a transporté la ville dans une autre dimension avec des édifices à l’audacieuse modernité comme le Musée des Sciences Prince Felipe, le Palais des Arts Reina Sofia et le pont Alameda ou encore l’Oceanographic, un aquarium de conception contemporaine autour de différentes thématiques marines dessiné par l’architecte Felix Candela.
Pour s’évader plus loin, le Bioparc propose un facile dépaysement et sera apprécié des jeunes et moins jeunes. Ce « zoo » qui n’a pas plus rien de traditionnel s’étend sur plusieurs hectares et met le visiteur au cœur de la vie animale des 5 continents.
Autant dire que la palette des découvertes est large dans cette cité qui connait un véritable renouveau depuis le choc bénéfique de l’America Cup. Mais intemporel, un autre évènement peut à lui seul, vous conduire à Valence. Les « fallas » restent un moment très fort et très particulier de l’art de vivre valencien. Cette tradition qui consiste à édifier des tours richement décorées qui trônent plusieurs jours en ville pour finir dans une grande flambée reste un temps fort, surprenant et mystérieux pour les néophytes…Rendez-vous pour cela chaque année à la mi-mars. Mais ceci est une autre histoire !
Octobre 2016
Par Claire CAYLA
