Evasion

Chicago, une ville design et artistique

Galeries d’art contemporaines, boutiques pointues, évènements en tout genre se bousculent tous les mois et attirent nombre d’habitants de Chicago.
Ceux-ci étant connus pour être très exigeants et connaisseurs, même les spectacles sont d’abord présentés et testés dans la ville, avant de paraître à New York.
Si la capitale du Midwest est reconnue pour son architecture et son penchant pour la modernité et la créativité, elle associe depuis longtemps développement artistique et urbain.
C’est à Chicago par exemple que les gratte-ciel sont nés, grâce au développement des techniques de construction modernes à base d’acier, de ciment ou de verre armé avant d’être construits
à New-York.
Sa Skyline posée au bord du lac Michigan se découpe d’une manière surréaliste, parfois sur fond de ciel bleu ou coucher de soleil, moment unique à découvrir en bateau .

Un peu d’histoire

Louis Joliet et le Père Marquette envoyés par le gouvernement français en 1673 furent les premiers à découvrir ces terres qui devinrent par la suite la ville de Chicago. Le nom donné revient d’ailleurs aux indiens de l‘Illinois qui furent les premiers à revendiquer le territoire et l’on surnommé « Chicaugou » en référence aux grands chefs des tribus, signifiant « grand ou puissant. »
Mais le premier qui s’installa dans cette région vers 1780 fut un afro-antillais, Jean-Baptiste Pointe du Sable, en compagnie de sa femme indienne qu’il épousa. Il construisit sa demeure au bord de la rivière.

Fondation de Chicago en 1833

Mais c’est en 1833 que commence véritablement l’histoire de Chicago, avec sa création officielle, qui depuis le XX ème siècle, est devenue l’une des villes les plus importantes au monde avec son activité économique, sa place financière parmi les plus grandes - New York, Paris ou Londres - et la première bourse de matières premières agricoles, comptant en 2020 plus de 9.600 000 habitants dans la région.
Puis c’est en 1860 que la Convention nationale républicaine va également choisir Abraham Lincoln comme candidat pour devenir président.
Malheureusement l’incendie de 1871 va ravager en grande partie la ville qui, face à ce drame, va trouver l’énergie et l’audace de se reconstruire en plus beau, en plus grand et en plus spectaculaire, créant un squelette d’acier qui défiera les décennies à venir. – comme par exemple le First Leiter Building, construit en 1879 par William LeBaron Jenney.-
Les urbanistes planchent alors sur des projets qui sont entrés depuis dans la légende et font partie du patrimoine urbanistique de Chicago comme le Musée des Sciences et de l’industrie, le célèbre métro aérien, EL dans le quartier The Loop



l'emblématique John Hancock Center, la Willis Tower (anciennement Sears Tower, culminant à 442 m) et la néogothique Tribune Tower.
Root, Burnham, Adler et Sullivan, font d’ailleurs partie de ces chefs de file de l’école qui devint l’école de Chicago.

La rivière de Chicago, une boucle magique

Cette fameuse boucle est entourée des plus belles tours qui se reflètent les unes dans les autres dès que le soleil apparait, bordée par la rivière de Chicago qui se jette dans le lac Michigan.
Il est d’ailleurs indispensable de prendre un des bateaux proposés sur la rivière pour faire une croisière et découvrir tous les styles que regroupe la ville : du néoclassicisme au courant international en passant par le néogothique et les beaux-arts. On ne sait plus où poser le regard, chaque building ayant ses propres caractéristiques. L’un recouvert de miroirs bleus, l’autre circulaire avec des sortes d’écailles qui abritent des parkings et des appartements, le troisième le Merchandise Mert, un bâtiment Art-Déco de 1930, situé au bord de la rivière.
Cette balade de 2 h, déjeuner compris, permet d’avoir un bel aperçu de la ville, avec ses gratte-ciel d'époques différentes, apparentés à un musée à ciel ouvert.

Le Millenium Park, une galerie d’art en plein air

Puis comme un appel irrésistible, vos pas vous amènent au Millenium Park, une galerie d’art de plein air, imaginée par Richard M. Daley. On y découvre le célèbre Cloud Gate aussi appelé « Bean » d’Anish Kapoor, sorte d’haricot où sa surface polie comme un miroir renvoie la skyline en écho ou le pavillon « Jay Pritzker » de l'architecte Frank Gehry. Cette immense forme sculpturale accueille de nombreux concerts toute l'année et sert d’auditorium face à une immense pelouse. A un jet de pierre, deux écrans plasma géants « the Crown Fountain » de Jaume Plensa, où défilent des visages, qui l’été font ruisseler de l’eau, vous donnent l’impression d’être dévisagés.

L’Art Institute of Chicago, le plus grand musée après le Met

Non loin, vous ne pouvez pas faire l’impasse sur l’Art Institute of Chicago. Deuxième plus grand musée du pays, après le Met, (300 000 œuvres) il abrite les plus importantes collections d’art couvrant une période de 5000 ans avant JC à nos jours. Des impressionnistes (une des plus importantes après Paris) à l’art américain ou asiatique en passant par l’art contemporain et moderne, dans un building lumineux et spacieux, il y en a pour tous les goûts. Il est l’équivalent du Louvres à Paris.

Le Royal Sonesta un hôtel très bien situé

Après cette journée dense en découvertes, il est bon de se poser au Royal Sonesta. Idéalement situé entre le Millenium Parc, le lac Michigan et la rivière Chicago où nous avons pris le bateau Odyssée pour la croisière. Il fait aussi face à la Trump Tower, impressionnante par sa hauteur il faut bien le dire  !

Un hôtel contemporain, aux chambres très spacieuses pourvues de grandes baies vitrées, vue sur la rivière et les gratte-ciel, notamment la néogothique Tribune Tower.
Leur lobby, confortable, à l'ambiance suédoise avec son mobilier et son bois clair, ses différents espaces salons, font face à un feu de cheminée cosy, permettant une halte salvatrice avant de repartir à l’assaut de cette ville au terrain de jeu multiculturel.

Des émotions fortes

Avant d’aller découvrir un restaurant Michelin, le Moody Tongue, dans le quartier South Loop, direction le 360 Observation Chicago sur North Michigan Avenue. Là vous attend l’expérience TILT : devant des parois en verre entourées de rampes pour vous agripper, vous serez incliné dans le vide à 300 mètres au- dessus de l’avenue. Sujets au vertige, s’abstenir !
Autre vue, autre frisson : comme la Willis Tower, à The Ledge, où une avancée en verre située au Skydeck, vous permet d’y marcher, le vide en dessous de vous ! Emotions garanties !

Un 2 étoiles au Moody Tongue

Après ces émotions fortes, il est temps de reprendre des forces au Mooddy Tongue, un restaurant deux étoile Michelin, dans un cadre minimaliste, tenu par le chef Jader Wentworth qui vous régale de plats créatifs et originaux aux proportions raisonnables, avec des accords de bière innovants de Jader Rouben (brasseur de bières). Original.

Hyde Park et Franck Lloyd Wright, un marginal qui refuse les diktats

Après une nuit réparatrice et un petit-déjeuner au Hoyt, restaurant qui jouxte l’hôtel Royal Sonesta, nous allons avec impatience découvrir une des œuvres de Franck Lloyd Wright. Cet architecte né en 1876 et décédé en 1959, faisait figure de marginal, mais une figure emblématique de Chicago. Son style s’apparente au mouvement de la Prairie School. Il aime l’horizontalité qui lui est inspirée des paysages et des plaines du Midwest. A ses yeux, une maison doit tenir compte de son environnement et s’exprimer comme une architecture organique en étroit lien entre l’extérieur et l’intérieur. Chaque maison a une grammaire qui lui est propre et l’une de ses singularités reste l’entrée, jamais apparente et qui doit se découvrir.
L’une de ses dernières réalisations s’appelle la Robie House (1909) avec ses 176 fenêtres et portes, marquée par la présence de ses lignes horizontales, ses briques et ses toits plats, dans le quartier de Hyde Park.
Elle appartient maintenant à la très réputée université de Chicago, qui la jouxte, avec ses bâtiments de style oxfordien.
On peut également admirer son travail à The Rookery, un immeuble restauré dans les règles de l’art et qui appartient aux monuments historiques.

Le quartier Street Art

L’après-midi, direction le Street Art, dont la majorité est concentrée dans la rue Wabash sur le « Wabash Art Corridor » (WAC) entre Wabash/Jackson et Wabash/Roosevelt.
Démarré en 2013, vous découvrirez plus de 40 peintures murales sur ses murs. Chaque coin de rue ou certaines façades d’immeubles décrépis, de parkings, de piliers du métro aérien, donnent lieu à des réalisations véritablement artistiques, soit commandées directement ou réalisées suite à des concours gagnés par des artistes venus du monde entier, connus ou inconnus et d’étudiants de l’université.
Pour ce style particulier, Instagram représente véritablement la nouvelle librairie et bibliothèque virtuelle. Vous y retrouverez entre autres la fresque de Jacob Watts -l’élan et sa bulle de chewing-gum – juste en dessous de la ligne aérienne où passe le Loop, celle de Shepard Fairey « Obey we own the Future », l’auteur de l’affiche « Hope » de Barak Obama pour sa campagne présidentielle.
Malheureusement d’autres sont vouées à disparaître du fait de nouvelles constructions, comme la très belle fresque "From Doom to Bloom" du Néerlandais Collin van der Sluijs avec ses oiseaux endémiques de l'État de l'Illinois en voie de disparition.



La soirée dans Chicago, ville de la prohibition mais aussi de la musique, notamment du blues et du jazz , ne serait pas totalement réussie sans une incursion dans un club et notre choix se porte sur Buddy Guy’s, un club de blues ouvert en 1989, musicien éponyme de son bar et toujours en activité. Il prend d’ailleurs de temps en temps le micro dans son club pour chanter et ce fut le cas ce soir là. Belle ambiance !