Azura Stay ou Les Clés du Paradis
Grande comme deux fois la France, l’ancienne « Terra da Boa Gente » (Terre généreuse et accueillante) de Vasco de Gama semble tourner le dos à l’Afrique et regarder vers la mer. En face, Madagascar…Au Mozambique, l’Afrique se dévoile sur des accents de saudade: : entre hauts-plateaux et Océan Indien, bush sauvage et récifs coralliens, plantations de thé et archipels azuréens.
Vu du ciel
Avec ses quelque 20 millions d’habitants et ses 11 provinces, le Mozambique s’étire sur un contraste : au sud, la capitale Maputo, moderne et bouillonnante, concentre l’essentiel des richesses du pays et des infrastructures en pleine expansion ; au nord, moins visité, une nature encore sauvage et un niveau de vie très bas… En frontière à l’ouest, la Zambie, le Zimbabwe ; au sud-uuest, l’Afrique du sud ; au nord-ouest, la Tanzanie. À l’est, l’Océan Indien et le Canal du Mozambique. Et partout, la trace des voyageurs qui y firent fortune. Du Portugal, d’Inde ou d’Arabie, tous sont venus commercer au Mozambique et d’ailleurs, tout semble venir de la mer et y retourner. Et pour poser le pied sur la terre africaine, le voyageur doit se faire « navigateur » des temps modernes : 11 heures de vol jusqu’à Johannesburg, un autre vol pour Vilanculos. Nous sommes dans la province d’Inhambane, destination phare du pays et premier parc national marin du Mozambique depuis 1971. Dernier saut de puce pour rejoindre l’île de Benguera : l’hélicoptère. Oui, le Mozambique se mérite mais les derniers kilomètres sont la récompense du voyage. La vue est à couper le souffle. La baie s’étend immense, ambitieuse, sauvage. Hauts-fonds transparents, langues de sable aux airs d’oiseaux. Dans ce tableau naturel d’eaux cristallines, une main céleste a déposé des dhows, miniatures flottantes. Nous survolons une partie de l’Archipel de Bazaruto classé réserve naturelle (1971) et domaine privé des oiseaux (environ 120 espèces). Quatre îles se partagent ce paradis aquatique où croisent tortues, raies manta, dauphins, baleines et requins : Bazaruto, Magaruque, Santa Carolina et Benguera.
Benguera ou les Clés du Paradis
Avec ses 11 km de long et 5,5 km de large, l’île semble dessinée au compas. Terre sablonneuse hérissée de cocotiers, Benguera regarde sa barrière de corail. Vilanculos est à 14 km au nord-est. Trois heures de dhows ou six, ou plus si les vents sont paresseux… Toute la région maritime alentour est placée sous haute surveillance. Et pour cause : la zone est le dernier refuge des lamantins et de leurs cousins les dugongs, deux espèces menacées de disparition. C’est sur cette île lilliputienne que l’Azura Stay a ouvert ses portes à l’automne 2007. Mais pas question pour ce premier éco-boutique hôtel de luxe du pays de s’implanter en dépit du bon sens. Le but : intégrer le lodge sur un plan humain et écologique. À l’origine, l’hôtel appartenait à Gabriel, véritable figure locale, devenu aujourd’hui partenaire des nouveaux propriétaires britanniques Chris et Stella Bettany. Entièrement rénové et repensé, le lodge s’inscrit dans un esprit : impliquer et s’impliquer. C'est du personnel local qui a été employé - 250 personnes au total - pour la construction de l’hôtel et aujourd’hui, la moitié du staff est Mozambicain. Même chose pour les matériaux : jekka (chaume local), sable, pierres et arbres proviennent de l’île. Énergie solaire pour l’eau, éco-détergents pour la lessive, traitement des eaux usées, recyclage des eaux grises pour prévenir les infiltrations dans les zones cultivées et le lagon : l’Azura Stay veut une empreinte écologique minime. L’hôtel a été approuvé par la Carbon Neutral Company au Royaume-Uni et a fait l’objet d’une observation rigoureuse de ses émissions évaluées à 773 tonnes par an. L’hôtel d’ailleurs compense ses émissions par l’achat de « crédits carbone ». Sur l’île, pas de voiture, à l'exceptoin des 4X4 du lodge pour des "game drive" à la poursuite des oiseaux ou pour rencontrer les insulaires.
15 villas aux toits frangés scrutent l’horizon qui tire son trait aquatique. Piscine privée, paillote sur la plage, jardin tropical… Au restaurant, on goûte les saveurs de la mer ou du bush, les pieds dans le sable ou sous la grosse pagode. L’hôtel est particulièrement impliqué dans la protection de la faune et de la flore et travaille en collaboration avec le Parc National. La zone située devant l’établissement a été interdite à la pêche en 2006. Du coup, les fonds ont retrouvé une densité qui a fait revenir les dauphins. Des spécialistes ont spécialement été recrutés pour faire partager aux touristes leurs connaissances et les sensibiliser à l’impact de l’homme sur la nature.
Avec la Fondation Rainbow qui soutient les projets sociaux et son partenariat avec le Parc National, l’AzuraStay a des atouts de poids pour que l’île ne devienne pas un simple ghetto pour touristes en mal d’exotisme…