San Martin : Sea, sport and sun
Polo Spirit
Avec son architecture coloniale typique, cette estancia du XIX ème siècle est l’une des plus vieilles de la région : patio, véranda, meubles en acajou, sol à damiers de marbre noir et blanc… San Martin, c’est le charme d'une demeure victorienne transformée en maison d’hôtes depuis un peu plus d’un an autour de 13 chambres, et dont Ale, la maîtresse de maison, a composé la décoration simple et chaleureuse. En entrant dans l’estancia, on choisit un mode vie à l’argentine où le voyageur est invité à profiter des loisirs balnéaires (l’Atlantique est à une vingtaine de minutes en voiture pour kiter ou surfer), des visites touristiques dans les environs ou des plaisirs équestres.
Tout célèbre l’histoire argentine, celle des gauchos, des chevaux et du polo. À San Martin, on perpétue la tradition des gauchos avec environ 180 vaches, mais c’est surtout l’élevage et la vente de chevaux de polo (environ 70) qui représente l’activité principale de l’estancia où l’on vit polo, joue polo et pense polo. La saison bat son plein d’octobre à mars et les matchs se déroulent sur l’un des deux terrains qui jouxtent la maison.
Centaure de la pampa
À la tête du domaine de San Martin depuis 2000, Juan de Elia, un personnage tout droit sorti d’un roman de Borgès : révolté contre l’injustice et l’arrogance capitaliste de son pays. Associé depuis 2004 avec son partenaire américain Coast Sullenger, l’ancien joueur de polo professionnel perpétue les valeurs familiales et l’âme du polo. Natif d’une grande famille pionnière, cadet d’une lignée de 8 enfants, Juan a toujours vécu au contact des chevaux. Angleterre, Allemagne, Espagne, France, Suisse (il a créé le club de Veytay en 1994), USA, le jeune groom devenu l’un des meilleurs joueurs de polo au monde a traîné ses bottes sur la planète, promenant son regard bleu de terrain en terrain.
Juan, c’est un cheval lancé à plein galop dès le matin : une fougue et une énergie imprimée à l’estancia qu’il drive en patriarche. À la question, « si vous étiez un cheval?", il répond avec facétie « le meilleur »… Mais Juan, c’est surtout une idée à la seconde, un rêve par jour et 48 heures en 24… Quand les autres marchent, lui trotte, trépigne, et, du haut de ses 60 ans, traverse le domaine au pas de charge. « Le jour où je n’ai plus de rêve, je préfère ne plus vivre ».
Son dernier pari : prolonger et réaliser le rêve de son père qui avait une petite maison ici et voulait allier polo et plage. Juan a pris le mors aux dents pour s’attaquer à … l’Atlantique. Pas moins. Son projet : la construction d’un terrain de polo avec toutes les infrastructures, sur le sable au milieu des dunes, contre vents, marées et tempêtes. 200 hectares face à l’océan, pas moins de 800 camions pour enlever une partie du sable, des tonnes de paille pour le stabiliser et de la patience, beaucoup de patience pour voir la première herbe pousser en 2007. Un travail titanesque au milieu de nulle part dans un décor magique et unique. Ce terrain de polo, c’est David contre Goliath mais peu importe. Juan, chevalier des temps modernes y croit. Et quand le soir, après un asado entre amis, le guerrier pose les armes, c’est le poète qui ouvre son cœur et chante l’histoire de son pays : une voix farouche, fière et pudique qui parle d’abord de liberté.