De Marrakech à l‘Atlas, balade éco-touristique
Arrivée à Marrakech. Halte nocturne au riad Aladdin, charmante maison de pisé à un jet de pierre du palais El Badii et de ses fidèles occupantes les cigognes, désormais sédentaires… Un petit tour par la place des ferblantiers toute proche et l'on se perd avec délices dans le souk, mélange de couleurs et d’odeurs… Il faut pourtant oser échapper à l’étreinte brûlante de la ville. Partir d’un point d’eau, suivre une khettara (conduite souterraine) aussi vieille que la dynastie Almoravide fondatrice de la ville au 12ème siècle et, au fil de l’eau, remonter vers l’Atlas…
De la vallée de l’Ourika aux confins de l’Atlas
On s’échappe par la célèbre vallée de l’Ourika peuplée de vendeurs étalant leurs marchandises colorées en bord de route. Petite pause à quelques kilomètres de Marrakech au « Bled », ferme d’hôtes où l’on se délecte de merveilleuses tagines… On paresse entre oliviers et fontaines, oubliant le temps qui passe…I faut pourtant songer à repartir, traverser la verdoyante vallée de l’Asni ponctuée des traditionnelles maisons berbères en pisé ocre. Au bout d’un chemin, les terres d’Amanar, situées sur les premières marches de l’Atlas, dominent les villages alentour. Ici, les audacieux peuvent s’élancer au dessus de canyons rougeoyants suspendus à un fil, emprunter d’aériens ponts tendus entre deux flancs de montagne, s’essayer au polo à dos d’âne, se baigner et enfin, prendre un repos bien mérité dans de confortables lodges.
Une petite route serpente dans la vallée de Outghal
C'est au matin que l'on reprend l’antique voie qui mène de la plaine de Haouz, où s’étale Marrakech, au carrefour des routes de l’Atlas jusqu’aux pistes caravanières du désert. Une petite route serpente dans la vallée de Outghal puis celle de Sidi Fares. Des champs de blé s’étirent sur les flancs de la montagne. Courbées, des femmes glanent, lavent le linge dans les oueds. Buissons et murs de pierres supportent une joyeuse farandole mêlant tapis et vêtements séchant au soleil. La corde à linge est superflue tout comme l’eau courante et l’électricité qui n’équipent pas tous les villages.
Le Ksar d’un britannique
La route en lacets escarpés qui traverse les villages transforme les voyageurs en pantins désarticulés, qui laissent dans leur sillage une poussière rosée… Enfin, au terme d’un ultime virage, se dresse un Ksar de pisé (traditionnelle forteresse berbère) : « la Kasbah Bab Ourika », fièrement érigée sur un éperon rocheux écarlate. C’est le rêve d’un britannique excentrique, Steven Skinner, qui vient d’édifier un hôtel sur ce piton caressé par la brise. Le bâtiment surplombe des canyons de rocs couleur sang dont la beauté coupe le souffle. Ici tout n’est que simplicité, luxe et calme. Les éléments du répertoire décoratif berbère constituent à la fois le décor de la bâtisse et sa structure.
Le village de Imzough
Le voyageur doit encore faire l’effort de s’arracher à la béatitude qui le gagne pour reprendre la route. Direction la station de ski de Oukaïmeden, puis Asni, le plateau de Kik pour s’arrêter à l’aplomb du village de Imzough. On continue à pied vers le fond de la vallée. Sur le chemin escarpé, seules quelques mules dociles circulent, précédées d’un vieillard ou d’un petit garçon. Des terrasses soigneusement aménagées sur les flancs de la montagne accueillent les cultures de blé, d’amandiers, d’oliviers, d'iris au parfum subtil. Des femmes travaillent dans les champs, un homme conduit une charrue de bois, une fillette précède de jeunes vaches. Les maisons en pierre et pisé se succèdent. Des portes peintes de couleurs vives s’ouvrent, quelques enfants surgissent, interrogeant les visiteurs de leurs grands yeux sombres. Les voyageurs entrent dans une maison où ils sont attendus. Ils apprécient l’hospitalité berbère autour d’un couscous cuit au feu de bois…
Le désert d’Agafay
Ils repartent. Direction le désert d’Agafay. Les montagnes s’aplanissent. Des formes arrondies ou plissées se dessinent, ombrées d’un fin duvet végétal. Le soleil se couche, empourprant le désert pour accompagner les voyageurs au terme de leur périple : la « Terre des étoiles ». Là, dans ce bivouac de 10 tentes luxueuses éclairées par la lune, ils rêveront de se perdre encore…