Sur les collines de San Francisco
San Francisco, source d'inspiration !
Elle émerge quasi magiquement, au front de l’océan pacifique. La quarantaine de collines sur lesquelles elle est bâtie lui ont donné une réputation de cité un peu folle, légendaire, subversive et terriblement fascinante. Et c’est vrai : avec sa baie, son Golden gate, ses rues et ses avenues pentues jouant à saute-mouton, elle s’impose comme une destination de choix dans ce grand ouest des Etats-Unis. Nous y avons marché des heures et ce ne fut jamais difficile d’y chercher des points de vue d’où embrasser l’océan, ou encore son Financial district. Elle n’inspire pas que les photographes : écrivains et poètes viennent s’abreuver à ses lignes cascadeuses, où de nombreux films mettant en scène des super-flics et des super courses-poursuites ont été tournés. Ils viennent se ressourcer à sa naturelle élégance, gorgée d’un soleil se coupant sur son vaste réseau d’avenues rectilignes à angles droits.
Le légendaire cable-car
San Francisco, on la connaît aussi pour ses cable-cars, qui tintinnabulent avec une grâce enfantine au long des collines. Le cable-car est cet étrange tramway à crémaillère qui a remplacé les chevaux, en 1873. Sur les huit lignes qui fonctionnaient en 1889, il n’en subsiste que trois, davantage empruntées par les touristes. Nous avons assisté, par hasard, sur la ligne Powell-Hyde, la plus impressionnante des trois, au retournement de la voiture sur une plaque tournante. Un seul homme permet donc au cable-car de repartir dans le sens inverse.
Charme victorien
Ce qui frappe, dans cette métropole, ce sont moins ses gratte-ciel que ses quartiers cossus garnis de maisons victoriennes en bois des années 1860-1900, aux façades colorées et généreusement décorées, arborant des verrières originales, des tourelles, des fenêtres stylisées. Nous avons gravi plusieurs des collines de San Francisco, sans nous lasser de son déroulé architectural, empreint d’une grande douceur de vivre. La fureur du monde des affaires semble avoir épargné cette belle ville, même si toutes les célèbres banques y ont des pignons. Mais les tours y sont moins arrogantes qu’à New-York. Le Transamerica building, belle pyramide de 260 mètres de haut, glisse régulièrement dans le regard, tel un phare de modernité.
Des rues escarpées
Il faut monter à Nob Hill, qui compte parmi les plus beaux quartiers, pour se régaler de son glorieux et richissime passé, au temps de la ruée vers l’or. Ensuite, à Russian Hill, qui se distingue par ses rues très escarpées, ses jardins verdoyants et sa vue panoramique. Sur cette colline dite russe, ainsi baptisée en hommage aux nombreux marins qui mouillèrent dans la baie, la Lombard Street est réputée comme étant la plus sinueuse du monde. Les voitures y zigzaguent sur des pavés entre de splendides parterres d’hortensias plantés dans les boucles des virages. San Francisco épuise le marcheur et le curieux. Car, de quelque côté que vous vous tourniez, vous avez devant vous une côte ou une descente. La vue d’une colline devant vous, nimbée de bleu à son sommet, donne l’irrésistible impression de grimper là-haut, pour découvrir ce qu’elle cache.
L’Amérique décalée
Union square, voisin du Financial district, regroupe une foule de grands magasins, de théâtres et de grands hôtels. A San Francisco comme ailleurs aux Etats-Unis, le shopping est sacré. La promenade nous conduit inévitablement sur Haight street, dans le quartier de Haight-Ashbury, qui doit son essor à la proximité du Golden gate park. On y retrouve avec bonheur un mélange d’inventivité architecturale, d’extravagance commerciale et de tolérance sociale. Sans trop savoir pourquoi, en plein avril, nous y avons pris une bonne bouffée d’été. Cette rue interminable, magnifique par ses maisons victoriennes, doit sa réputation au mouvement hippie qu’elle a tout un temps hébergé et concentré, au début des années 60. Tous les jeunes foldingues ou décalés de l’Amérique y sont venus faire leur crise, ce qui explique pourquoi on y ressent encore dans l’air comme un excès de tout. C’est ainsi, à déambuler d’une âme légère sur Haight street, que nous nous sommes promis de revenir un jour musarder sur les collines étincelantes de cette métropole.
Cédric Evrard