Culture


La Galerie d'Apollon, l'écrin des Diamants de la Couronne

Après trois ans de travaux, la fastueuse Galerie d'Apollon du Palais du Louvre construite à la gloire de Louis XIV, le Roi-Soleil, il y a près de 350 ans, rouvre ses portes le 27 novembre 2004.
Galerie royale, décorée par les plus grands artistes français de Le Brun à Delacroix, elle a servi de modèle à la Galerie des Glaces du château de Versailles.
Elle retrouve enfin son décor exceptionnel et reprend sa fonction traditionnelle d'écrin grandiose des Diamants de la Couronne.
Pour la première fois y seront exposés à côte des autres joyaux de la Couronne, le collier et les boucles d'oreilles d'émeraudes de l'impératrice Marie Louise.

Une galerie d'apparat qui célèbre le Roi-Soleil

Témoignage de deux siècles de peinture et de sculpture, la galerie d'Apollon est un chef-d'oeuvre unique, représentant un ensemble de 105 oeuvres d'art (41 peintures, 36 groupes de s culptures soit 118 sculptures au total, 28 tapisseries) enchâssées dans la voûte et dans le décor des murs.
Voulue par Louis XIV comme galerie de réception, selon l'usage qui s'affirmait dans les palais et les maisons nobles, la galerie d'Apollon est reconstruite totalement après un incendie en 1661. Sous la direction de l'architecte Louis Le Vau et du peintre Charles Le Brun commence alors un très long travail qui se poursuivra sur deux siècles, jusqu'en 1851.
Le Brun, premier peintre du roi imagine une décoration peinte et sculptée sur le thème du soleil et de la course de l'astre dans l'espace (la terre et l'eau, les continents) et le temps (le zodiaque). Le mythe d'Apollon, dieu solaire, qu'évoque aussi le cortège des Muses, glorifie la personne de Louis XIV, le Roi-Soleil. L'ensemble offre une vision idyllique de l'univers sous le signe de l'harmonie dont Apollon est le garant.
Pendant près de 200 ans, depuis Le Brun jusqu'à Delacroix, des dizaines d'artistes français vont contribuer à la décoration de cet ensemble exceptionnel : Le Brun laisse trois grandes peintures de sa main; les stucs, réalisés à partir de 1663 par le sculpteur Girardon, les frères Gaspard et Balthasar Marsy ainsi que Thomas Regnaudin, composent un ensemble d'une étonnante monumentalité et d'une grande vivacité.
Laissée inachevée sous Louis XIV, la galerie reçoit au XVIIIème siècle des toiles peintes par les académiciens et sera enfin achevée entre 1849 et 1851. L'architecte Félix Duban, dans le respect du projet initial, procède alors à une restauration complexe et demande à Eugène Delacroix de compléter le décor par de nouvelles compositions, dont le célèbre "Apollon vainqueur du serpent Python".

Un écrin pour le trésor des rois de France

La galerie abrite, depuis 1861, la collection de vases en pierres dures de Louis XIV, complétée en 1887 d'un trésor historique constitué au fil des siècles : les Diamants de la Couronne.
Ces oeuvres, parmi les plus précieuses du département des Objets d'art, sont présentées dans des vitrines conçues pour elles au XIXe siècle.
L'histoire des Diamants de la Couronne est une véritable épopée pleine de rebondissements. Oeuvres aux destins mouvementés, passées de mains en mains, ces joyaux ont été remontés au gré des souverains. Fondé par François 1er, enrichi sous Louis XIV, ce trésor alors inaliénable atteint son apogée sous Louis XV avec l'achat du Régent. Ce diamant, "de la grosseur d'une prune de la reine Claude" selon Saint-Simon, était le plus grand diamant blanc connu en Europe. Après la Révolution, ce trésor d'Etat sera reconstitué par Napoléon Ier
Une nouvelle et prestigieuse acquisition vient de rejoindre les Diamants de la Couronne : le collier et la paire de boucles d'oreilles d'une somptueuse parure exécutée par François-Regnault Nitot, offerte en 1810 par Napoléon Ier à l' impératrice Marie-Louise, à l'occasion de leur mariage.
Avec au total 38 émeraudes et 1246 diamants, ces bijoux historiques sont une parfaite illustration de l'excellence de la joaillerie parisienne. Ils sont présentés pour la première fois au public.

Les Diamants de la Couronne


  • "Le Régent"
    Diamant de 140,64 carats, d'une eau exceptionnellement pure et d'une taille parfaite, LeRégent est considéré comme l'un des plus beaux diamants du monde.
    Diamant indien, il fut découvert en 1698, acquis par Thomas Pitt, gouverneur du fort de Madras en 1702, puis acheté en 1717 par le duc Philippe d'Orléans, Régent de France sous la minorité de Louis XV.
    Le Régent devint le symbole de la royauté et de sa magnificence. Il orna la couronne de Louis XV puis celle de Louis XVI.
    Comme les autres Diamants de la Couronne, Le Régent fut dérobé en septembre 1792. Il fut retrouvé en décembre 1793 et restitué au Comité de Sûreté générale. Il fut ensuite mis en gage à plusieurs reprises par la suite par le Directoire.
    En 1800, Bonaparte décida de récupérer les Diamants de la Couronne et  Le Régent fut utilisé en 1801 sur la garde de son épée de Premier Consul, puis en 1812 sur le glaive de l'Empereur. Le Régent figura en 1824 sur la couronne de Charles X, puis sous le IInd Empire sur le diadème grec de l'Impératrice Eugénie.


  • "Le Sancy"
    Acquis en 1594 par Nicolas de Harlay, sieur de Sancy, prédécesseur de Sully à la surintendance des Finances sous Henri IV, il fut vendu à Jacques Ier, roi d'Angleterre en 1604. Exilée en France, la reine Henriette-Marie, épouse de Charles Ier d'Angleterre, dut céder le Sancy en 1657 au Cardinal Mazarin, qui le légua en 1661 à Louis XIV. Dès lors, la pierre fit partie du trésor des Diamants de la Couronne.
    Porté successivement par Marie Leczinska et surtout par Marie-Antoinette, ce joyau historique disparut sous la Révolution.
    Par la suite, il appartint aux familles Demidoff et Astor, avant d'être racheté par l'Etat en 1976.


  • Spinelle dit "Côte de Bretagne"
    Cette pierre a appartenu à Marguerite de Foix, duchesse de Bretagne puis à sa fille Anne de Bretagne, reine de France. Elle ne prit sa forme actuelle que sous Louis XV. La pierre fut alors taillée en forme de dragon et montée sur une décoration de l'ordre de la Toison d'or, en diamants et pierres de couleur.


  • Diamant rose dit "Hortensia" taillé à cinq pans, acquis par Louis XIV


  • Couronne du Sacre de Louis XV, 1722. Augustin Duflot d'après les dessins de Claude Rondé.
    La couronne était décorée de 282 diamants, dont Le Régent aujourd'hui présenté séparément, 64 pierres de couleur et 230 perles qui furent remplacées par des imitations après le Sacre.


  • Croix de Saint-Esprit - Milieu du XVIIIe siècle

    7. Paire de pendants d'oreilles en perles de l'impératrice Joséphine - Parure personnelle de l'impératrice conçue en 1802 par Daniel Saint.


  • Parure de saphirs de la reine Hortense et de la reine Marie-Amélie - Début XIXè siècle
    Parure de brillants et de saphirs (diadème, collier, boucles d'oreilles, broches) achetée sous la Restauration à la reine Hortense par le duc d'Orléans, futur Louis-Philippe, pour son épouse Marie-Amélie. Acquise en 1985 du Comte de Paris.


  • Paire de bracelets de rubis de la Duchesse d'Angoulème 1825, Jacques-Evrard Bapst.
    Bracelets provenant de la parure de rubis des joyaux de la Couronne.


  • Diadème d'émeraudes de la duchesse d'Angoulème fille de Louis XVI et Marie Antoinette, 1819 - 1820. Christophe-Frédéric Bapst d'après Jacques-Evrard Bapst


  • Diadème de perles de l'impératrice Eugénie - 1853. Alexandre-Gabriel Lemonnier


  • Grande broche agrafe rocaille de l'impératrice Eugénie - 1855 - Alfred Bapst
    Les deux grands diamants en forme de coeur sont deux des dix huit diamants légués par le cardinal Mazarin à Louis XIV.


  • Couronne de l'impératrice Eugénie - 1855. 
    Ce chef-d'oeuvre a été exécuté par Gabriel Lemonnier en 1855. C'est la seule couronne de souveraine française qui subsiste dans son état d'origine.  

    Nouvelle acquisition : la parure d'émeraudes de l'impératrice Marie-Louise

    Une nouvelle acquisition pour la première fois exposée : collier et boucles d'oreilles d'émeraudes de l' impératrice Marie Louise.
    Exécutée par François-Regnault Nitot, joaillier de l'empereur, la parure d'émeraudes fut offerte par Napoléon Ier à l'impératrice Marie-Louise à l'occasion de leur mariage, en 1810.
    Elle comprenait à l'origine un diadème (modifié, aujourd'hui conservé à Washington), un peigne, un collier et une paire de boucles d'oreilles et une plaque de ceinture.
    Le collier comporte trente-huit émeraudes, mille deux cent quarante six diamants. Les boucles d'oreilles se composent de six émeraudes et soixante brillants.
    Ces admirables joyaux nouvellement acquis grâce au soutien toujours actif et renouvelé de la société des Amis du Louvre, au fonds du Patrimoine et au financement du musée du Louvre sur ses ressources propres, rejoignent ainsi les bijoux de la Couronne présentés dans la Galerie d'Apollon.

  • Novembre 2004
    Par Yves CALMEJANE

    Informations pratiques

    Galerie d'Apollon
     :  
    Musée du Louvre
    aile Denon - 1er étage - salle 66
    ouvert tous les jours, sauf le mardi,
    de 9 h à 18 h 00.

    Tarification :
    billet tarif adulte : 8.50 euros
    billet tarif réduit : 6 euros après 18h
    Accès libre pour les moins de 18 ans, les chômeurs, les adhérents des cartes Louvre jeunes, Louvre professionnels, Louvre enseignants, Louvre étudiants
    partenai res, Amis du Louvre et pour tous le premier dimanche de chaque mois.

    Renseignements : 01 40 20 53 17
    www.louvre. fr

    A l'occasion de la réouverture de la galerie
    Editions, film et DVD

    -  deux publications
    sous la direction de Geneviève Bresc-Bautier.
    coédition musée du Louvre Éditions / Gallimard.

  • La galerie d'Apollon au palais du Louvre
    (ouvrage historique, 368 pages ; 49 €)

  • L'album de la galerie d'Apollon au Louvre -
    Ecrin des joyaux de la couronne

    (album, 80 pages; 9,50 €).


    - Film :
    Le Réveil d'Apollon
    France, 2004, 85 min, coul., réal : Jérôme Prieur.
    Coproduit par ARTE France / musée du Louvre / Total /
    Gédéon Programmes.
    Diffusion sur ARTE dans le cadre de la soirée Thema "Le Louvre" le vendredi 26 novembre 2004 à 22 h 15.
    Il retrace la restauration de la galerie d'Apollon pendant trois ans. Voyage historique au plus près des oeuvres.  


    - DVD  :
    Le Réveil d'Apollon
    Coulisses d'une restauration au musée du Louvre

    DVD édité par ARTE Vidéo (français /anglais).
    Le film de Jérôme Prieur est suivi d'un bonus : "Les coulisses d'une restauration au Louvre", réalisé par Sébastien Jousse (80 min), qui contient 12 rubriques pour découvrir les acteurs du chantier et les techniques de la restauration.
    En vente le 2 décembre 2004, 25 €  www.artefrance.fr








    A l'Auditorium du Louvre

    Journée-débat "Musée-musées"
    Mercredi 24 novembre 2004
    - Les galeries palatiales, décor et conservation colloque bénéficiant du mécénat de
    Total, en partenariat avec Connaissance des Arts.
    - le Film Le Réveil d'Apollon (85 min, réalisateur : Jérôme Prieur) sera projeté à l'auditorium du Louvre Mercredi 1er décembre 2004
    informations : 01 40 20 55 55
    réservations : 01 40 20 55 00

    Visites et promenades
    informations : 01 40 20 52 63.

     - Visite guidée
    Tous les samedis à 11 h dans la galerie.

     - Promenades architecturales
    * Royales, marchandes ou d'art contemporain, les galeries parisiennes du XVIIe au XXIe siècles.
    (samedi 15 janvier 2005, de 14h à 18h).
    * Histoire des galeries dans l'architecture française, à partir de l'exemple du Louvre.
    (jeudi 20 janvier 2005, de 12h à 14h).