Evasion


La Renaissance du Beau Rivage

Découvrir un hôtel quelques semaines après son ouverture est un exercice impitoyable. Les inévitables défauts de jeunesse (peintures défaillantes, système électrique capricieux, service aléatoire...) - invisibles dans l'enthousiasme de l'inauguration - ont en effet eu le temps d'éclore. Aucun établissement, aussi prestigieux soit-il, n'échappe à cette règle. Il s'agit alors d'une période troublée, pendant laquelle la direction, stressée au plus haut point, s'active pour trouver la solution à chaque problème. C'est d'ailleurs à cela que l'on reconnaîtra son talent. C'est dans ces conditions que nous avons visité le Beau Rivage.
Nietzsche, Tchekhov, Matisse, hôtes du Beau Rivage,

Cet hôtel de légende, construit en 1870 à un jet de galet du vieux Nice en bordure de la Promenade des Anglais, avait perdu de sa superbe. Notamment en 1987, lorsqu'il fut coupé en deux, la partie ayant vue sur la mer étant transformée en une résidence somme toute assez banale. Une opération immobilière qui a dû gêner aux entournures les mânes des plus illustres occupants du Beau Rivage, Nietzsche, Tchekhov et surtout Matisse, dont on raconte qu'il peignait à longueur de journée, installé sur le balcon de sa chambre avec vue sur la plage.

Jean-Michel Wilmote redonne sa splendeur au palace niçois

Depuis 25 ans, donc, nous avions affaire à un moitié de mythe, vivotant sur son erre. Racheté en juin 2003 par Vigie Finance, une société financière parisienne, le Beau Rivage a été intégralement repensé par ses nouveaux propriétaires. Et par l'architecte à qui ils ont confié les rênes du chantier, Jean-Michel Wilmotte.
"Nice possède de nombreux hôtels de grand standing, raconte Valéry Grego, directeur associé du Beau Rivage. Mais aucun dans la vieille ville, à part celui-ci. Le pari était de créer un établissement purement niçois, chic et contemporain, qui pourrait mélanger clientèle d'affaires et de tourisme". Avec une contrainte majeure, l'impossibilité de casser les murs ou de percer la façade. L'extérieur et l'agencement des chambres sont donc inchangés. Tout juste a-t-on récupéré un bout de couloir inutilisé pour en faire une chambre supplémentaire, afin d'en compter 119, dont 10 suites.

Les chambres baignent dans la douceur

Le travail de l'architecte a notamment porté sur les couleurs et les matériaux, traités avec sobriété sans sombrer dans les excès du design minimaliste cher aux anglo-saxons. Pierre, lin et bois cendré sont rois dans ce nouvel univers, rythmé par l'omniprésence des photos de Nice en noir et blanc, traitées en frises ou en panneaux entiers, volontairement provocants.
Le hall a triplé de superficie, le bar et sa nouvelle terrasse ouvrent désormais sur la vieille ville, en direction du marché aux fleurs. Les chambres baignent dans la douceur. Une atmosphère largement due aux persiennes, voulues comme un hommage de l'architecte à la grande tradition niçoise. Remplaçant les rideaux, elles distillent une lumière naturellement feutrée, qui peut, bien sûr, être occultée par un discret store roulant. Nous avouerons notre préférence pour les chambres sobrement habillées de beige. Les peintures rouges, jaunes et bleues employés à certains étages peuvent paraître un peu trop forcées.

Une plage ouverte de Pâques à mi-septembre

Saluons en revanche la qualité du mobilier, dessiné par Jean-Michel Wilmotte, et l'équipement high-tech qui va des écrans plasma aux connections wi-fi.
Détail amusant dans les salles de bain, le sol est couvert d'une résine bleue constellée de véritables galets, clin d'œil à la plage voisine. En parlant de plage, impossible de ne pas parler de celle du Beau Rivage, ouverte de Pâques à mi-septembre. C'est le seul hôtel de Nice qui soit directement propriétaire de sa concession.
Le service y est donc assuré par le même personnel, sous l'autorité de la même direction. Ce qui n'a rien d'une anecdote, car le restaurant de la plage fait office de restaurant de l'hôtel. Un choix audacieux mais justifié. "Les meilleures adresses de Nice se trouvent à quelques mètres de la réception, explique Valéry Grego. Des restaurants qui possèdent des histoires fortes, comme Clément Bruno ou La Petite Maison. Nous avons donc décidé de nous passer d'un restaurant, qui aurait difficilement été à leur hauteur". Reste à accepter de devoir traverser la rue pour aller déjeuner ou dîner, ce qui peut être gênant en cas de mauvais temps (une hypothèse hautement improbable à Nice, nous assure-t-on...).

Le restaurant de la plage

Le Beau Rivage possède bien sûr un room-service et un bar avec restauration rapide, mais il serait dommage de ne pas aller tâter l'excellente carte du restaurant de la plage, largement consacrée comme il se doit aux fruits de mer. Et l'on se consolera de l'aspect usine des 500 places assises grâce à la splendeur du panorama.
A l'aube de la pleine saison, le Beau Rivage s'apprête à goûter sa splendeur retrouvée. Il reste quelques jours pour changer les moquettes des différents couloirs, qui, à peine posées, sont déjà hors d'usage. Une erreur de casting tellement énorme qu'elle en est pardonnée. Quelques coups de pinceaux sur les plinthes viendront à bout des dernières approximations dans les chambres. Et en se penchant légèrement depuis le balcon de certaines suites, on aperçoit la mer au bout de la rue.
Matisse aurait aimé.


Cet article est paru dans
Demeures & Châteaux
www.demeuresetchateaux.fr
Août 2004
Par Laurent CAILLAUD
Hôtel Beau Rivage
24 Rue Saint François de Paule
06300 NICE
Sur la promenade des anglais, face à la vieille ville

Telephone : (+33) 4 92 47 82 82
Fax : (+33) 4 92 47 82 83
Email: info@nicebeaurivage.com
www.hotel-beau-rivage-nice.cote.azur.fr/
www.nicebeaurivage.com/