Moteurs


Cadillac - L'ambition retrouvée

Oubliés les cabriolets Eldorado à ailerons des années soixante... Place à la nouvelle génération de Cadillac. La berline CTS illustre à merveille la nouvelle orientation prise par la marque américaine.
La nouvelle génération de Cadillac.

"Qui veut conquérir le monde doit commencer par conquérir l'Europe !", Berry Van Gestel, à peine nommé directeur général de Cadillac France, ne cache pas son enthousiasme (voir interview plus bas). Pour ce Hollandais qui a longtemps dirigé la filiale française de Harley-Davidson, l'enjeu est simple : il se donne trois ans pour quintupler le nombre de Cadillac vendues en France. En commençant par dépoussiérer l'image que traînent encore ces belles américaines, souvent assimilées à des paquebots chromés certes luxueux mais incapables d'affronter une départementale aveyronnaise. Qu'on se le dise, les interminables cabriolets Eldorado à ailerons des années soixante sont un lointain souvenir. Il suffit pour s'en convaincre de jeter un œil sur la calandre de la berline CTS présentée ici.
Le style, anguleux à l'extrême, ne fait pas dans la fioriture. Il caractérise la nouvelle génération de Cadillac. A en croire les commentaires entendus lors de notre escapade normande à bord de la CTS, la face avant de la voiture paraît irréprochable. La partie arrière, massive, est plus discutable.

Le blason d' Antoine de la Mothe Cadillac,

Une chose est sûre, le blason fièrement arboré au centre de la grille de calandre et sur le moyeu de chaque roue est synonyme de prestige. Une Cadillac est - et reste - une Cadillac. C'est-à-dire une légende roulante. Ce blason et ce nom sont dus à Antoine de la Mothe Cadillac, qui eut en 1701 la bonne idée de débarquer sur les rives du lac Erié pour y fonder la ville d'Etroit, qui devint Detroit, berceau de l'automobile américaine.
La marque elle-même fut créée en 1902, et ne cessa de se consacrer à l'innovation technologique. Malheureusement, ces autos chroniquement inadaptées au vieux continent ne furent jamais importées qu'au compte-gouttes.

Retour en fanfare

General Motors, premier constructeur automobile mondial, a décidé pour le centenaire de Cadillac, en 2002, de lui rendre sa vocation internationale. Les travaux d'Hercule menés à Detroit portent autant sur le style que le marketing, la technologie ou la réorganisation du réseau de vente et de réparation.
Première manifestation concrète de ce retour en fanfare, la création en janvier dernier de Cadillac Europe, sous la houlette du groupe hollandais Kroymans, un géant de la distribution automobile dégageant plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires. A terme, vingt-quatre pays européens sont visés. En priorité la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la Belgique.
La marque a toujours été représentée par des passionnés, comme la société Jean Charles, à Paris, qui distribue General Motors depuis 1957 ! Pour conforter le réseau existant, vingt-cinq "Cadillac experience center" (CEC) devraient voir le jour dans notre pays. Des concessions d'un nouveau genre vouées à Cadillac et à Corvette. Notons que la célèbre sportive perd son appellation Chevrolet pour devenir une marque à part entière.
On nous promet dans les CEC des services qu'aucune autre marque ne saurait proposer. "On vend la première voiture dans le hall d'exposition, la deuxième dans l'atelier", répète Berry Van Gestel.

Digne de la meilleure allemande

La gamme va gommer les modèles préexistants pour se concentrer sur la berline CTS, le coupé-cabriolet XLR, attendu en juillet prochain, et le 4x4 SRX en septembre 2004.
Qu'en est-il de la CTS, qui n'a pas déclenché d'hystérie lors de son introduction sur le marché français en 2002 ? On reconnaît chez Cadillac que son lancement doit être repris à zéro, tant les qualités dynamiques de l'auto sont convaincantes. Esthétiquement, malgré les réserves déjà évoquées quant à la brutalité de sa poupe, force est de reconnaître que la CTS est suggestive. Impossible de la confondre avec une Audi ou une BMW, qu'elle entend concurrencer. Les arêtes vives de la carrosserie sont dans l'air du temps, tout comme la ligne en coin, nouveau credo de la marque. La planche de bord regorge de boutons qui fleurent bon le high-tech. De la sono Bose à l'écran de GPS/Télévision, il faudra un peu de patience pour apprendre à dompter toutes les fonctions proposées. Seul regret, les plastiques ne sont pas toujours à la hauteur du prestige revendiqué, à l'image de la molette de réglage du son plantée sur le volant. Le moteur 6 cylindres 3,2 l qui équipait notre voiture d'essai est parfait dans son rôle, même s'il est bruyant à mi-régime à l'accélération. Raisonnable en consommation (11 l/100 km en moyenne avec la boîte automatique), il sait cravacher ses 231 chevaux pour offrir à la CTS des performances dignes de la meilleure allemande. La tenue de route est rassurante en toutes circonstances.
Cette Cadillac accepte d'être violentée. Les sièges avant, à ceinture intégrée, maintiennent le corps au plus près dans un confort irréprochable. On sera moins tendre avec les bruits aérodynamiques générés par les rétroviseurs ou le toit ouvrant (optionnel). Mais cette CTS cache un atout dans sa boîte à gants. Son prix. A 42 500 euros en version Luxury et boîte auto, la Cadillac s'offre le luxe d'être un peu moins chères que les voitures "normales".


Cet article est paru dans
Demeures & Châteaux
www.demeuresetchateaux.fr
Juillet 2004
Par Laurent CAILLAUD
Entretien avec Berry Van Gestel

"Quintupler le nombre de véhicules vendus en France"

Demeures & Châteaux : Que représente aujourd'hui, en France, la marque Cadillac ?

Berry Van Gestel :

Pour moi, c'est un rêve d'enfant. On n'achète pas une Cadillac pour aller d'un point A à un point B. Il y a quelque chose en plus, la passion. C'est un symbole qui avait perdu ses valeurs, nous allons les lui redonner.

Vous reprenez ses rênes alors que la conjoncture est mauvaise pour les voitures de luxe...

Tant mieux ! J'arrive au meilleur moment, quand le flux est encore faible. Ça nous laisse du temps pour installer la nouvelle structure, recruter de nouveaux distributeurs... Ce qui est vraiment très compliqué, c'est de créer une société tout en poursuivant l'activité commerciale existante. C'est comme de monter dans un train en marche.

Quels sont les objectifs de Cadillac en France ?

Nous voulons passer de 500 véhicules vendus pour les marques Cadillac et Corvette en moyenne chaque année à 2 500, dans un délai d'environ trois ans. C'est-à-dire une centaine de voitures par concession, ce qui représente le seuil de rentabilité. C'est réaliste, grâce à l'arrivée du coupé-cabriolet XLR (photo ci-dessous, NDLR) et du 4x4 SRX. Mais surtout, et j'insiste sur ce point, notre objectif est de redorer le blason Cadillac. C'est une marque merveilleuse, porteuse depuis son origine de prouesses technologiques et
stylistiques.

Mais toujours pas de diesel chez Cadillac !

Nous y viendrons bientôt. Toute marque qui se respecte doit avoir un diesel haut de gamme pour être crédible.