Portraits


L'exposition "Madame Grès, entre ombre et lumière"

Au Musée de Bourgoin-Jallieu l'exposition Madame Grès, entre ombre et lumière présente pour la première fois en France, une sélection de quatre vingt modèles, illustrant le travail de la célèbre créatrice de mode, depuis les années 40 jusqu'aux années 80, aussi bien en haute couture qu'en prêt à porter.
Grâce, notamment, à la maison de couture Jacques Esterel, propriétaire de la collection composée d'environ 250 pièces, un trésor national est ainsi mis en lumière.
Alix et l'art du drappé

Jeune fille, Alix Grès est attirée par la danse, la sculpture, le dessin mais cristallise l'ensemble de ses dons sur la création de modèles de haute couture.
Cette grande dame de la haute couture débute en 1934 sous le nom d'Alix. En 1935 elle est sollicitée pour réaliser les costumes de "La Guerre de Troie n'aura pas lieu", la fameuse pièce de théatre de Jean Giraudoux. Son art du drapé se confirme alors dans la manière dont elle sut habiller le corps des femmes telles des sculptures de marbre.
C'est en 1942 qu'elle crée sa propre maison de couture et prend le nom de Madame Grès. Dès lors, sa technique personnelle et son sens de l'harmonie des lignes, n'ont cessé de s'affirmer dans toutes ses créations. Le jersey de soie devient son matériau de prédilection et les robes de Madame Grès fascinent par leurs drapés et leurs lignes pures. Le plus souvent classique, son style est aussi parfois d'inspiration orientale, comme lorsqu'elle a recours par exemple, aux techniques de l'Origami et des pliages japonais.

Madame Grès

Sa réputation devient rapidement internationale et elle crée des tenues pour les plus grands noms de l'élégance comme Greta Garbo, la Begum, Grace Kelly ou Jackie Kennedy.
Lucien François, grand chroniqueur de mode l'a décrite ainsi : "Silencieuse mais attentive, elle contrôle tout. Fragile d'apparence, elle est habitée d'une énergie farouche. Avec son fin visage dont le vaste front est toujours orné de son turban, et ses yeux dont il ne lui est pas facile d'éteindre la malice, telle est Madame Grès".
Discrète voire secrète, il est parfois difficile de retracer sa carrière. Dans les années 50, elle crée son premier parfum Cabochard, qui fut et reste un véritable succès.
Mais la rare qualité du travail de celle qui pourtant ne savait pas coudre est ainsi mis en évidence. Ses drappés célèbres, à l'antique, qui impressionnent tant un artiste comme Issey Miyake, réclamaient des subtilités de pliages et de couture étonnantes. Ils sont d'ailleurs si parfaits qu'il a fallu procéder à un "mannequinage" sur mesure, rendu possible grâce au concours de trois animatrices spécialisées dans le montage d'exposition de vêtements et de deux établissements scolaires isérois.


“Moi, monsieur, je serai dans les musées"

Ce n'est qu'en 1980 qu'elle lance sa première collection de prêt-à-porter. Peu à peu elle cède son empire face aux difficultés et à l'évolution de la mode. Elle cède l'activité de parfumerie en 1982, puis, en 1984, sa maison de couture à Bernard Tapie. “Moi, monsieur, je serai dans les musées, vous n'y serez jamais”, aurait-elle alors déclaré à l'affairiste. Parole prémonitoire : après avoir été été exposée au prestigieux Metropolitan de New York, elle est effectivement à nouveau dans un musée, celui de Bourgoin-Jallieu.
La griffe a finalement été rachetée en 1986 par la maison Jacques Esterel, puis cédée en 1988 au groupe japonais Yagi Tsusho limited qui poursuit la création sous ce nom. Elle s'est éteinte en 1993 dans la plus grande discrétion, comme elle avait vécu.

Une oeuvre enfin présentée en France

La collection étudiée et présentée à l'occasion de cette exposition - et dont on doit remercier les iniateurs et réalisateurs - n'a jamais été présentée en France. Elle est composée d'environ 250 pièces issues de la collection personnelle de Madame Grès, sauvegardée de la dispersion de sa maison puis des ventes aux enchères en 1998 et 1999 à Londres et New York.
Cet ensemble permet au Musée de Bourgoin-Jallieu d'aborder pour la première fois le volet de la haute couture alors que les plus grandes maisons de couture font ou ont fait réaliser leurs étoffes imprimées à Bourgoin-Jallieu, les tissages dans les plus grands ateliers de soierie lyonnaises ou de la région.

Comme les grands trésors de l'art

Les vêtements rassemblés couvrent l'ensemble de la carrière de Madame Grès de 1943 environ aux années 80, des premières créations sous le nom de Grès au prêt-à-porter, avec aussi bien des tenues de ville que de plage, des robes de cocktail et du soir, dans les matières qu'elle affectionnait tout particulièrement tels des taffetas, des mousselines de soie, des twill, des jersey de laine ou de coton, sans parler de ce fameux jersey de soie fabriqué spécialement pour elle en grande largeur, et dont elle drapait le corps des femmes. Une figure de la création artistique, une créatrice discrète, voire secrète, est ici enfin révélée dans des prouesses textiles étonnantes qui paraissent si simples et dont bien peu sont capables de nos jours.
Madame Grès est au musée, comme elle l'avait prédit. Et comme le sont les grands trésors de l'art.
Septembre 2004
Par Yves CALMEJANE
L'esprit de Madame Grès est mis en scène la salle d'exposition temporaire et le parcours permanent, avec l'aide du scénographe et graphiste Giuseppe Bonetti
L'esprit Grès donne corps également à de nombreuses activités pour enfants et adultes, qui pourront s'initier à l'art délicat du drapé et du plissé durant l'exposition.

Partenariat

  • Maison de couture Jacques Esterel, propriétaire de la collection
  • La maison Grès, Paris ( groupe japonais Yagi Tsusho limited )
  • Le lycée Jean-Claude Aubry, Bourgoin-Jallieu
  • Le lycée André Argouges, Grenoble
  • Les Amis du Musée de Bourgoin-Jallieu

    Musée de Bourgoin-Jallieu
    17, rue Victor-Hugo
    38300 Bourgoin-Jallieu
    Tel. : 04 74 28 19 74
    fax  : 04 74 93 93 58
    Horaires : 10h-12h, 14h-18h.
    du mardi au dimanche inclus.